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 Manifeste pour l’école publique : appel à la résistance

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FleurOccitane
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Nombre de messages : 5959
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Manifeste pour l’école publique : appel à la résistance   Manifeste pour l’école publique : appel à la résistance EmptyVen 4 Nov à 15:50

Citation :

Manifeste pour l’école publique : appel à la résistance

http://odep.net

Tout a été fait pour détruire l’école publique : les ministres qui se sont succédé depuis des décennies au chevet du malade ont contribué, consciemment ou non, à l’achever.

Le mécanisme est bien huilé : tout en se félicitant des bons résultats de l’école, on décrète qu’elle est en crise, et qu’il convient de la réformer. Mais les réformes ne font qu’empirer la crise. Un diagnostic entraîne aussitôt de nouvelles réformes, immédiatement destructrices.

Ainsi, de crise en crise, de réforme en réforme, l’institution est devenue ce champ de ruines : quelque chose d’innommable, un trou noir qui engloutit les intelligences et les énergies.

Il est certes encore possible de faire instruire ses enfants, à condition de les inscrire dans quelques établissements choisis. Quelques-uns sont privés, les plus nombreux sont publics - mais là n’est pas question : il s’agit, avant tout, de pouvoir habiter certains quartiers privilégiés.

Pour les plus pauvres, les dés sont pipés. Les ZEP auront été des établissements « pilotes », en fait des zones d’expérimentation, où ont été mises en place ces nouvelles pédagogies si destructrices.

Les hauts fonctionnaires de l’école, les soi-disant experts, soi-disant indépendants, proclament que rien ne peut entraver la marche du progrès : 15% des élèves obtenaient le bac dans les années 60 du siècle passé, ils seront bientôt 80% (puisque le ministère en a décidé ainsi).

Ce qu’on dit moins, c’est que le bac ne débouche pas sur une qualification authentique, qu’il n’a aucune valeur sur le marché du travail, et qu’il n’atteste même plus de la culture à laquelle on devrait pouvoir prétendre, après tant d’années d’étude. On peut, désormais, être bachelier ET illettré. Au reste, cela n’empêche pas de pouvoir hanter pendant un ou deux ans les couloirs de l’Université. Et bien évidemment, « le niveau monte » : on continue de réciter cette litanie.

On a toutefois commencé d’admettre, ces derniers temps, qu’il conviendrait de nuancer un tel jugement. On n’allait pas dire, pour autant, que le niveau baissait. On a donc inventé de « nouvelles compétences », on a décrété que l’école ne serait plus qu’un chemin parmi d’autres pour accéder à la culture - mais on confond le désordre des informations brutes, glanées par exemple sur Internet, et la rigueur de la connaissance.

Par ailleurs, on oublie aussi, très opportunément, que tout le monde n’a pas accès à ces nouvelles technologies, et leur utilisation n’est qu’un leurre car elle implique de maîtriser parfaitement la lecture, l’écriture et le calcul. Elle nécessite aussi d’avoir suffisamment d’esprit critique pour effectuer un tri entre les différentes informations reçues. Or, au regard de l’ignorance de nos élèves, il serait davantage nécessaire de prodiguer aux élèves un enseignement qui leur permette d’abord de savoir lire, comprendre et analyser des documents variés (textes, graphiques, cartes, etc.).

Au-delà des formules creuses, il faut examiner lucidement la réalité : dans le temps même où le fameux « objectif des 80% » était crié sur tous les toits, on organisait, du primaire à la terminale, la destruction de tous les programmes. On feignait de penser que serait ainsi rendu possible ce qui, de toute façon, est contraire au bon sens et à la nature des choses. Tout à la fois, on abandonnait l’apprentissage rigoureux des bases (lecture, écriture, calcul, etc.) nécessaires à tout enseignement et on ôtait au travail scolaire les difficultés et les contraintes si formatrices dans l’élaboration de la réflexion et de la pensée, comme s’il était fatal qu’on dût renoncer à tout ce qui peut solliciter et développer l’intelligence. Il apparaît que, dans la pensée des « réformateurs », vouloir dispenser un enseignement à ceux qui n’ont pas reçu la culture en héritage, c’est immanquablement s’adapter à ceux qu’on tient pour des imbéciles.

Le résultat, nous l’avons sous les yeux : des enfants qui ne peuvent pas lire, des adolescents qui ne peuvent pas apprendre et qu’on désespère de pouvoir conduire à ce degré d’autonomie où l’émergence d’une pensée devient possible.

S’agit-il même, encore, d’instruire ?

On prétend que les établissements scolaires seraient désormais des « lieux de vie ». Comme s’il s’agissait d’escamoter, par un usage magique des mots, la tristesse mortelle que ressentent désormais tous ceux doivent fréquenter ces sortes d’usines à éduquer où s’organise méthodiquement, par des procédés quasi industriels, la mort de l’intelligence. Il est inutile de s’étendre longuement sur ce que sont ces « lieux de vie » : la presse, les médias ont suffisamment décrit une sorte de jungle où les règlements n’existent que pour être transgressés, où la raison perd ses droits parce qu’elle n’est plus à sa place au milieu des quelques ruines qui subsistent encore de ce qu’on appelait LA culture. L’école s’est donc ouverte au monde ; elle a perdu les hauts murs qui la protégeaient des tumultes de l’extérieur et ils s’y sont immédiatement engouffrés. Qu’est-ce que l’école, aujourd’hui, sinon le théâtre d’une guerre civile permanente ? Guerre entre LES « cultures », qui sont la négation de l’universalisme. Guerre, entre les idéologies, les religions, entre les communautés, qui mettent en péril la laïcité de l’école. Guerre entre les professeurs, les parents, les élèves. Et dans le même temps, une mainmise progressive des entreprises qui savent trouver là des consommateurs qui seront aussi leurs futurs esclaves.

A ce point, faut-il encore parler d’ « école » ? Ce qui se fait dans nos établissements d’enseignement, si l’on excepte quelques îlots de résistance et quelques rares endroits privilégiés, ne relève plus d’un quelconque enseignement. La réalité, c’est que, dans ce très petit nombre d’établissements classés, on n’enseigne pas “ autrement ” : on enseigne, point. Ailleurs, on n’enseigne plus : on garde, et on trie - on “ gère des flux ”.

Ce phénomène n’est en rien le propre de l’école publique. On le retrouve à l’identique dans un grand nombre d’écoles privées : la bêtise étend sur toutes choses son empire illimité.

Il va de soi que, dans ces conditions, l’enseignant moderne, produit d’un enseignement dégradé, pour ne pas dire décervelant (les deux années d’IUFM), n’est même plus chargé de transmettre des connaissances solides et une culture humaniste et scientifique. Sa mission n’est plus du tout d’enseigner. Que lui est-il demandé ? De faire la morale aux « enfants », et le plus souvent, d’assurer une sorte de garderie en (se) donnant l’illusion qu’il enseigne encore quelque chose.

A ce titre, le récent décret sur les « remplacements » est tout à fait caractéristique : ce qui compte, c’est que soient gardés, mis sous surveillance, ceux qui, laissés à eux-mêmes, pourraient devenir des bêtes fauves, et des enragés si on se mêlait de les instruire. Plus de cours, plus de préparations. Plus besoin, même, de former des enseignants. On économisera ainsi bien des postes de surveillants, et, dans le même temps, on privera des jeunes de la possibilité de faire des études.

Il s’agit avant tout de tenir dans une cage (mais peu importe ce qui peut se produire dans la cage) des individus dont il ne faut surtout éveiller ni l’esprit critique ni l’intelligence. Ils pourraient en effet, une fois parvenus à l’âge adulte, ou même avant, contester l’ordre économique, social et politique.

Quant aux élèves, qu’on abrutit consciencieusement, ils ne sont pas les derniers à pâtir de la situation. L’analphabétisme est en progrès constant - que dire de l’absence de logique, de l’incapacité à raisonner, à former une pensée critique ? Au train où vont les choses, les diplômes ne seront bientôt plus que des morceaux de papier sans valeur, amenés à disparaître, sous le regard d’un patronat européen bien davantage soucieux de trouver de la main d’œuvre à bon marché dans les pays émergents.

Il est temps d’oser dénoncer :

-La destruction délibérée des programmes d’enseignement - qui n’ont plus ni cohérence, ni progressivité - en particulier à l’école élémentaire,
-La quasi-suppression des apprentissages de base (lire, écrire, compter, calculer),
-La réduction drastique des heures d’enseignement dans les différentes disciplines,
-La substitution, à l’enseignement proprement dit, d’ « activités » diverses (projets d’école, IDD, TPE, etc.),
-La déréglementation (« projet d’établissement », « autonomie », etc.),
-L’inévitable déqualification du corps enseignant : les instituteurs et les professeurs sont eux-mêmes les produits d’un enseignement dégradé.

Il s’agit là, non pas d’une suite de faux-pas, ni même d’un aveuglement idéologique, mais de l’application froide d’un projet de destruction voulu consciemment par quelques penseurs officiels, et relayé par beaucoup d’autres décideurs par suivisme, lâcheté ou incompétence.

On sait qu’un rapporteur de l’OCDE n’a pas hésité à écrire avec un étonnant cynisme :

« On peut réduire [...] les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement [...]. »

http://www.oecd.org/dataoecd/24/23/1919068.pdf

[...]

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=20050
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Manifeste pour l’école publique : appel à la résistance   Manifeste pour l’école publique : appel à la résistance EmptyVen 4 Nov à 15:51

(suite)

Citation :

La conséquence de ce processus est tout à fait prévisible.

Il y aura, d’ici quelques années, une scission dans l’école : les « élites » (économiques) pourront se reproduire dans des établissements privés, ou bien situés. Là, elles seront correctement instruites, tandis que les élèves issus des classes populaires devront se satisfaire d’un vague « service public », auquel on assignera une double mission de « socialisation » et d’abrutissement, ce qui, dans bien des cas, revient au même - songeons à l’utilisation obsédante, et jusqu’au grotesque du thème de la « citoyenneté » !

Il s’agit bien évidemment, en premier lieu, de réduire le coût de l’école. Il ne sera pas nécessaire, pour abrutir les masses, de recruter des personnels aussi qualifiés que ne le sont des professeurs dignes de ce nom. A n’en pas douter, quelques bacheliers pourront se charger de cette tâche, et à peu de frais.

Mais il ne s’agit pas que cela. Il se pourrait - sait-on jamais ? - que quelques esprits forts en viennent à refuser l’inacceptable (a fortiori s’ils étaient passés entre les mains d’une école qui les aurait fait accéder à la culture, au raisonnement et à l’esprit critique). Le danger est minime, étant donné le délabrement de l’institution. Mais il existe.

Il était nécessaire de prévenir la menace - il a donc été élaboré un projet totalitaire, orienté vers le seul objectif du contrôle social.

On veut refuser à la majorité des élèves le droit à l’instruction. Tout en prétendant « valoriser » la « diversité des talents » ou permettre un « épanouissement personnel », on veut formater de soi-disant « individus », qui, rendus incapables de le comprendre et de le juger, en viendront à aimer le système qui les opprime.

Comme toujours, l’invocation de la diversité est utilisée pour masquer le pire des conformismes.

La mise en œuvre de ce projet n’aurait pas été envisageable sans des complicités notoires, qu’il convient de dénoncer.

-Les partis politiques existants, d’un extrême à l’autre et sans exception se sont tous prononcé sur la question de l’école de la manière la plus indigne. Certes, nous ne pouvons guère nous étonner des objectifs traditionnels de la droite, mais nous sommes consternés de devoir constater que ceux qu’elle n’aurait jamais pu rêver de faire entrer dans les faits ont été parfaitement réalisés par la gauche plurielle à chaque fois qu’elle a pu jouir du pouvoir.

-Les directions des « syndicats » majoritaires (FSU, SE, SGEN), qui ont maquillé le crime en le recouvrant d’une sorte de vernis idéologique. Et bien des organisations minoritaires leur ont emboîté le pas, chacune à sa manière : corporatiste (SNCL, SAGES), ou quelque peu droitière (SNALC).

-Certains adhérents de ces mêmes « syndicats », qui, quand ils ne se laissaient pas raconter des histoires auxquelles seuls des idiots peuvent croire, ont à la fois abandonné toute forme d’esprit critique, et toute velléité d’engagement : ils ont laissé faire les « spécialistes », sans même se préoccuper des conséquences.

-Le corps enseignant lui-même, malgré quelques protestations (soigneusement encadrées par les “ syndicats ” mentionnés plus haut) et la résistance de quelques isolés, semble avoir abandonné ce qui, pourtant, est au cœur même du métier : l’esprit critique et la responsabilité.

-Certaines associations de parents d’élèves, qui ont défendu des intérêts idéologiques ou directement politiciens.

Si vous retrouvez vos idées dans ce manifeste, vous pouvez soutenir par votre signature l’appel sur http://odep.net

De plus, n’hésitez pas à faire circuler ces documents autour de vous.

De : odep
vendredi 28 octobre 2005

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=20050
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