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 Décroissance : l'horizon dépassable du capitalisme

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FleurOccitane
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Nombre de messages : 5959
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Décroissance : l'horizon dépassable du capitalisme   Décroissance : l'horizon dépassable du capitalisme EmptyJeu 6 Oct à 13:53

Citation :

Décroissance : l'horizon dépassable du capitalisme

LES PREMIERS PAS DE L'HUMANITE s'effectuent dans l'hostilité des éléments naturels. La Terre ne lui fournit quasiment aucun produit directement utilisable. C'est l'activité économique, c'est-à~dire le travail, qui va permettre à l'homme de lutter contre cette rareté. Au fil des découvertes et des inventions, des besoins nouveaux vont apparaître... et des moyens de les satisfaire. Le développement de ce qu'on appelle les « forces productives » est censé favoriser la marche de l'humanité vers des jours meilleurs, selon un processus irréversible.

L'établissement de rapports sociaux de production fondés sur l'exploitation - le dernier en date étant le capitalisme - ne va pas altérer cette « croyance » l'intérêt du patronat et celui du salarié semblent, pour beaucoup, s'identifier, et la croissance économique apparaît comme un but commun, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Pendant les Trente Glorieuses, pour ce qui concerne la France, l'augmentation des gains de productivité, la « redistribution » assurent une amélioration constante des conditions de vie, du niveau de protection sociale. Même si l'on sait que le système n'a jamais réalisé une redistribution juste des fruits du travail, loin s'en faut: la montée de l'exclusion prouve que la priorité du-marché n'est pas le bien-être de l'homme mais l'accroissement du profit.

Mais un piège est en train de se mettre en place. Cette amélioration du niveau de vie, cette « paix sociale » achetée par les dirigeants s'effectue sur le dos des populations du Tiers-Monde absorbées dans la spirale infernale du surendettement, et surtout sur celui des générations futures – par l'épuisement progressif des ressources naturelles et les perturbations de plus en plus graves des équilibres complexes des écosystèmes. À de rares exceptions près, tout le monde ferme les yeux, fasciné par le clinquant de la technologie, anesthésié par un confort illusoire, aveuglé par l'élévation du PNB, impératif majeur et seul critère de jugement. L'équation « plus = mieux » symbolise le progrès... à l'occidentale. Face au mirage de la « domination prolétarienne des forces productives », la politique de l'autruche multiplie ses adeptes.
Maurice Joyeux écrivait dans la Rue: « Il (le prolétariat) croit d'ailleurs à une évolution continue de sa condition, assurée par le développement des techniques, et il craint en même temps qu'un incident freine ou détruise cette évolution continue. Il est pour l'immobilisme, excepté dans le domaine de la science, de la technique, car cet immobilisme économique, politique et social lui garantit le développement harmonieux de ce jouet technique dont il attend tout. »

Servie par l'impératif de vitesse et de productivité qu'impose la « modernité » capitaliste, la sacralité du progrès technique modifie notre rapport au temps, à l'espace, à l'environnement, bouleverse notre imaginaire social. Insensiblement, de découverte scientifique en prouesse technique, s'opèrent la concentration du capital, la centralisation des lieux de pouvoir, la mécanisation de la vie, l'artificialisation des milieux, nous empêchant de nous interroger précisément sur la notion de progrès, de prendre en compte la dimension culturelle du changement, de percevoir l'« horreur mécanique du monde industriel ».

Or la réalité surgit aujourd'hui en pleine lumière; les désillusions prolifèrent. Non seulement la croissance ne comble pas les espérances en matière de bien-être social (voir les contre-productivités, le mal-être), non seulement elle ne génère pas suffisamment d'emplois pour résoudre le problème du chômage, non seulement elle ne règle pas la question des inégalités sociales (au contraire), mais elle s'avère désastreuse d'un strict point de vue écologique.

Confronté à ses contradictions fondamentales, le « système » est aux abois. Pour préserver l'emploi (ou tenter de le faire), l'économie maintient des activités inutiles, et même nuisibles au bien-être collectif, délaissant des activités indispensables à la société sous prétexte que les profits sont insuffisants. Car si la satisfaction de besoins artificiels solvables intéresse le capitalisme, celle de besoins vitaux non solvables le laisse indifférent. Le mythe de l'âge d'or pour tous est mort.

Patron et salarié: même combat?

Cruelle ironie du sort, le discours patronal et l'analyse syndicale semblent converger. D'un côté, poussant à son paroxysme une idéologie qui proclame infaillible son propre dogme, le Medef propose aux salariés de « travailler plus pour gagner plus ». Même si l'on sait pertinemment que les salaires n'augmenteront pas (il est plus probable qu'ils continueront à baisser par la mise en concurrence de la main-d'oeuvre au niveau mondial et la recherche systématique de l'abaissement du coût du travail), il s'agit de produire toujours plus pour accroître les profits. Car certains, eux, peuvent acheter: les riches (dans différents secteurs, le haut de gamme prospère, et le marché des yachts de luxe double tous lés dix ans).

De l'autre côté, les syndicats réclament la croissance pour garantir l'augmentation du pouvoir d'achat. L'obstacle devient incontournable: puisque le système ne peut partager (il concentre même de plus en plus), il est acculé à une croissance sans fin; or la croissance n'est écologiquement plus possible!

Le consensus est impressionnant:
- M. Aubry, J. Lang et D. Strauss-Kahn: « Sans croissance, pas de moyens suffisants pour la solidarité. Sans solidarité, pas de réelle cohésion sociale... » (Le Monde, 4 décembre 2004).
Le 18 octobre 2004, M. Camdessus, ancien directeur du FMI, a remis au ministre des Finances un rapport intitulé: « Le sursaut, vers une nouvelle croissance pour la France. »
Dans « les 21 exigences d'Attac pour le traité constitutionnel », Attac demande que le plein emploi et la croissance figurent comme objectifs principaux.
Chirac, à l'occasion de ses voeux à la population: « Bâtissons aussi [...1 une société de croissance, tournée vers l'activité et vers l'emploi .»
Un syndicat réformiste: « La modération salariale, maintenue tant dans nombre d'entreprises que par l'État employeur, accentue d'autant l'impact de l'envolée des prix et interdit la relance de la consommation, de la croissance et des créations d'emplois. »

S'approprier la production

L'oeuvre revendicatrice quotidienne atteint ses limites. L'accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates nécessite un 'autre cadre. Par la masse monétaire réinjectée dans le circuit, le salariat régule la production, la distribution, la consommation. Le cercle vicieux « .pouvoir d'achat-croissance » auto-entretient l'exploitation, l'injustice, la misère, d'autant que l'on sait pertinemment que les maigres augmentations obtenues se trouvent, chaque fois, absorbées en quelques mois par une augmentation équivalente des prix et des tarifs... ce qui justifiera une nouvelle demande.

Désormais, les exigences des salariés à l'intérieur du système capitaliste ne peuvent être satisfaites qu'au détriment des générations futures par le biais d'une croissance infinie. dont on sait qu'elle est impossible! La seule conclusion acceptable est que le compromis entretenu par l'illusion réformatrice n'est plus possible, qu'il faut faire éclater ce cadre, que le dépassement du capitalisme (un système qui n'est même plus capable d'assurer la cohésion sociale, y compris par la répression) est plus que jamais à l'ordre du jour. Trop de temps a déjà été perdu: nous n'avons plus le choix. Mais la perspective d'une « émancipation intégrale » revêt une autre dimension: ce n'est même plus une question de dignité qui l'exige, c'est une question de survie, pour éviter le chaos écologique et social engendré par le capitalisme lui-même.
Non qu'il faille abandonner les exigences syndicales de maintien et même d'amélioration du pouvoir d'achat (c'est toujours mieux que de laisser s'envoler la rémunération des actionnaires), mais il faut jeter toutes les forces dans la bataille pour, parallèlement et très vite, construire une autre société, libérée de toute forme d'oppression morale et d'exploitation économique.

La lutte syndicale est réformiste au quotidien, révolutionnaire dans le but (et le but est en passe d'être atteint, non par le réveil des consciences, comme on le souhaiterait, mais par les contraintes inexorables de la réalité, et notamment écologiques). Il faut convaincre l'ensemble de la population qu'il n'y a aucun espoir dans l'organisation actuelle de 1 société, que chaque pas accompli l'est dan une impasse, que les véritables enjeux son ailleurs, que l'on doit accepter de remettre cause la finalité de ce qu'on produit, qu'il faut s'orienter vers d'autres valeurs, qu'il faut passer d'une revendication de quantité à une exigence de qualité, et raisonner en termes d rupture. Toute la difficulté réside dans les modalités de passage entre les deux mode d'organisation: c'est la maturité politique des populations qui en décidera.

Sans exclure d'autres moyens, et tout reconnaissant que le syndicalisme ne se s pas à lui-même, la grève générale, expropriatrice et autogestionnaire, ne serait-elle pas précisément le moyen le plus approprié pour opérer cette rupture? Pour la réaliser, le chemin est encore semé d'embûches: il nous faut (re)trouver le sens de l'Histoire, vaincre cet mutilante servitude volontaire qui no conduit à subir les stratégies démobilisatrice des hiérarchies politiques et syndicale prendre conscience des avantages qui po raient résulter pour tous de la coopération de la solidarité, de la convergence des lutte minimiser les différences, estomper les qui réelles d'écoles et de mots le plus souvent stériles... Une autre société est à portée de main à condition de réunir l'énergie de tous ce qui sont prêts à travailler ensemble.
Maîtriser la production, non pas pour accroître indéfiniment une production génératrice de pollutions, d'inégalités, d'injustices, de frustrations, mais pour alléger et partager peine de l'homme: mettre en oeuvre le travail économiquement nécessaire à la satisfaction des besoins essentiels définis par les populations elles-mêmes. « L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Jean Pierre TERTRAIS

Le Monde libertaire #1404 du 23 au 29 juin 2005
Mis en ligne par libertad, le Lundi 3 Octobre 2005, 22:09 dans la rubrique "Pour comprendre".
[url]
http://endehors.org/news/8591.shtml[/url]
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