wapasha Langue pendue
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| Sujet: Les employés de Tréofan préfèrent être licenciés que vendus Lun 26 Sep à 19:24 | |
| LE MONDE | 26.09.05 | 13h30 • Les employés de Tréofan préfèrent être licenciés que vendus - Citation :
- Des salariés qui demandent leur licenciement : l'histoire a de quoi surprendre. C'est pourtant le cas à Mantes-la-Ville, où depuis deux semaines les 160 salariés de Tréofan, un fabricant de film d'emballage, sont en grève et occupent leur usine pour obtenir des indemnités de licenciement convenables.
"Depuis des mois, nous entendions des rumeurs sur une reprise possible de l'usine par Sodefilm. Et nous n'en voulons pas" , explique Jean-Paul Nivaggioli, élu CFDT et secrétaire du comité d'entreprise. Installé au Mans, le fabricant d'emballage Sodefilm n'a, à leurs yeux, pas la surface financière nécessaire à une reprise. "On ne voit pas comment une boîte de 25 salariés peut en reprendre une autre de 160 , résume le responsable syndical. Demander à être licencié, cela peut paraître fou pour un délégué syndical, mais c'est la décision de tous. Une reprise par Sodefilm aurait de toute façon signifié une fermeture à terme. Là, nous pouvons espérer des indemnités."
L'histoire leur a appris la prudence. Dernier vestige de l'ancienne Cellophane, fermée en 1984, l'entreprise fabrique du film d'emballage du plus simple au multicouche, plus complexe. Cédé au groupe américain Celanese, après la fusion entre Hoechst et Rhône-Poulenc, puis revendu à un groupe israélien, Dor, Tréofan est finalement tombé dans l'escarcelle de la banque américaine Goldman Sachs.
RAPATRIEMENT EN ALLEMAGNE
Aujourd'hui, Tréofan se présente comme l'un des leaders mondiaux de la fabrication de film d'emballage. Ce groupe revendique une production annuelle de 280 000 tonnes, par onze sites sur quatre continents. L'usine de Mantes-la-Ville produit trois types de films : un polypropylène biextrudé, un classique dont la matière première est un dérivé du pétrole ; un multicouche dit film "étiquettes" ; et un nouveau produit, le "biophane", fabriqué, lui, à partir d'amidon de maïs, totalement biodégradable et transformable en compost. Dans la nature, il disparaît en quarante-cinq jours, ne laissant que des particules de dioxyde de carbone et de l'eau. Un avantage séduisant dans un marché sensible aux arguments écologiques.
Or l'usine de Mantes-la-Ville est la seule en Europe à fabriquer du multicouche et du biophane, deux qualités que Tréofan voudrait rapatrier en Allemagne, où se trouve son siège. Les raisons en restent mystérieuses. Peter Briggs, le directeur exécutif de Tréofan, qui refuse tout contact avec la presse, évoque simplement dans un communiqué "un processus de restructuration" et confirme "des discussions avec des repreneurs potentiels" .
"Mais les Allemands ne sont pas capables de sortir ces films, ils ont encore besoin de plusieurs mois" , affirme M. Nivaggioli. Or la demande est là. Un atout pour les grévistes, qui ont fait appel à un cabinet d'avocats pour se faire entendre. Des négociations ont commencé entre les juristes des deux parties et devaient se poursuivre lundi. S'ils ont bon espoir d'obtenir des indemnités, les salariés ne se font pas d'illusions. "Si nous obtenons un accord, nous reprendrons le travail, mais on sait qu'on en aura pour six mois au plus."
Patrick Wassef Article paru dans l'édition du 27.09.05 source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-692896,0.html @+ | |
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