Plus de 12 millions de travailleurs forcés dans le monde

reuters- Wed May 11, 2005 4:57 PM CEST
Plus de 12 millions de travailleurs forcés dans le monde


GENEVE (Reuters) - La mondialisation économique et la demande de main d'oeuvre à bas prix ont engendré 12,3 millions de victimes du travail forcé dans le monde et donné naissance à un trafic de travail humain estimé à plusieurs milliards d'euros, selon un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT).

Citation :

La majorité des victimes de travail forcé se trouvent en Asie et en Amérique latine, et travaillent principalement dans l'agriculture ou dans des camps de travail forcé, précise l'agence onusienne. Ce sont les enfants qui payent le plus lourd tribut, représentant 40 à 50% de l'ensemble.

Mais l'exploitation sexuelle dans les pays de l'Est, qui concerne principalement des femmes recrutées et emmenées de force à l'étranger, constitue à elle seule 21 des 25 milliards d'euros (32 milliards de dollars) générés chaque année par le trafic de travail humain.

Traditionnellement, le travail forcé était la conséquence de la pauvreté et des discriminations sociales, sexuelles ou raciales. Aujourd'hui, explique Patrick Belser, coordinateur de l'action de l'OIT contre le travail forcé, la mondialisation est la principale responsable.

"Les formes traditionnelles liées aux discriminations, à la pauvreté ou aux systèmes agricoles archaïques tendent à diminuer au profit d'une forme moderne de trafic (lié à la mondialisation)", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Même les plus grandes entreprises ont recours au travail forcé - défini comme le travail obtenu par la menace ou contre la volonté de la personne - en sous-traitant à de petites entreprises basées à l'étranger, ce qui les empêche d'avoir une véritable connaissance de leur chaîne de production, souligne l'OIT.

PRESSIONS ECONOMIQUES

La mondialisation a fortement accru la pression des prix sur les producteurs, obligeant certains entrepreneurs à recourir à la main d'oeuvre forcée pour fournir les entreprises occidentales, indique le rapport.

"Nous avons identifié des secteurs d'activité dans lesquels le travail forcé pourrait apparaître par l'intermédiaire de la chaîne de production des grandes entreprises, et même des plus grosses multinationales", a déclaré Robert Plant, directeur du programme de l'OIT contre le travail forcé.

Certaines de ces entreprises n'ont peut-être même pas conscience du fait que leurs sous-traitants ont recours à l'esclavage, a-t-il ajouté, refusant de citer des noms.

Les énormes écarts de salaires existant entre les pays industrialisés et les économies émergentes aggrave le problème des travailleurs étrangers illégaux, engagés pour effectuer les tâches ingrates ou dangereuses.

Le rapport rappelle ainsi que 21 travailleurs chinois sont mort noyés en février 2004 en Grande-Bretagne, surpris par la marée alors qu'ils ramassaient des coquillages dans la baie de Morecambe.

"Ce problème pourrait s'aggraver s'il n'y a pas d'équilibre entre l'offre et la demande", prévient Plant. "Le déséquilibre actuel constitue un terreau fertile pour le trafic de main-d'oeuvre."

Selon le rapport de l'OIT, 9,8 millions des victimes de travail forcé sont exploités par des opérateurs privés, et 2,5 millions sont directement victimes des Etats ou des armées.

L'Onu a demandé la suppression des camps de travaux forcés au Myanmar, montré du doigt par l'OIT, ainsi qu'en Corée du Nord.

L'Asie et la région du Pacifique comptent 9,5 millions de victimes de travail forcé, suivis de l'Amérique latine, avec 1,5 millions, de l'Afrique subsaharienne, avec 660.000 victimes et enfin l'Europe et les Etats-Unis avec 360.000.

source : http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=8457581

@+