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 Le Japon est devenu une société à deux vitesses

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wapasha
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wapasha


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MessageSujet: Le Japon est devenu une société à deux vitesses   Le Japon est devenu une société à deux vitesses EmptyMar 6 Sep à 16:48

LE MONDE | 06.09.05 |
Le Japon est devenu une société à deux vitesses

Citation :
"Ne laissez pas arrêter les réformes" , peut-on lire sur une affiche représentant le visage à la mine déterminée du premier ministre Junichiro Koizumi. De l'autre côté de la rue, un sans-abri est assis sur un banc, son barda au pied. "Sans rapport avec moi..." , dit-il en souriant. Et les autres candidats ? "Pas plus ." Même pas amer. Ailleurs. Il dirigeait un petit atelier de métaux. Il a fait faillite, a fui les créanciers et vit dans l'un de ces villages de tentes bleues des berges du fleuve Sumida, à Tokyo. Les sans-abri, jetés à la rue par le ressac des "restructurations" d'entreprises, ne sont que la partie visible d'une nouvelle pauvreté.

Le Japon, appelé à voter le 11 septembre pour renouveler son Parlement, est une société à deux vitesses où, sans faire de vagues, les disparités sociales et régionales s'accentuent. Avec le vieillissement, c'est l'une des causes de l'inquiétude latente d'une partie de l'opinion, dont le niveau de vie diminue et qui s'interroge sur l'avenir du système de retraite.

La conjoncture économique s'est améliorée et la reprise, quoique poussive, paraît enclenchée. Mais elle ne va pas remédier par enchantement à une aggravation des disparités sociales. Loin des salles de marché et des résultats des "rubans bleus" de l'industrie aux profits faramineux, loin des jeux de pouvoir du quartier de la politique (Nagatacho) ou de l'étalage de luxe dans les grandes villes, il y a un Japon d'en bas, un Japon des petites gens. Peu spectaculaire, il se découvre dans les failles de la prospérité, au fil des rues aux rideaux de fer baissés de petits commerces qui ont fait faillite ; à travers le courrier de lecteurs des quotidiens et des faits divers : augmentation des suicides ­ près de cent par jour, dont beaucoup sont dus à des facteurs économiques.

On l'entrevoit à travers des indices négligés. Ainsi, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 15 % des foyers japonais vivent en deçà du seuil de pauvreté, avec des ressources inférieures à la moitié du revenu moyen national (10 % dans la plupart des pays avancés), tandis que le nombre des bénéficiaires de l'aide sociale a augmenté de 60 % en dix ans, pour atteindre un million de personnes.

35 % DES SALARIÉS EN CDD

Le Japon vieillit, mais ce ne sont pas seulement les personnes âgées qui souffrent. Les agences d'emploi ou les "job cafés" ­ à l'environnement plus convivial ­, où des jeunes pianotent sur des ordinateurs en quête d'un travail, en témoignent. Le temps est révolu où, à la sortie de l'université ou du collège, les diplômés étaient à peu près certains d'entrer dans une entreprise. Alors que, en 1992, 80 % d'entre eux trouvaient un emploi, en 2004 ce n'est plus le cas que de 55 %. Les plus mal lotis sont les jeunes pas particulièrement doués, ayant une spécialisation banale. Le lot de la plupart. Le faible taux de chômage (4,2 %) cache une réalité amère : il y a de moins en moins d'emplois à durée indéterminée, mais pléthore de petits boulots et de travaux temporaires. Beaucoup des demandeurs d'emploi n'émargent pas sur les statistiques du chômage parce qu'ils sont sur le marché du travail précaire. Plus de 35 % des salariés (soit près de 20 millions) sont désormais employés sur des contrats à durée déterminée.

L'une des expressions de cette mutation du marché du travail est l'apparition d'un nouveau type de salariés : les "freeters" (néologisme à partir de l'anglais "free", libre, et de l'allemand "arbeit", travail). Ils sont plus de quatre millions. Ce sont des jeunes, garçons ou filles, pour la plupart diplômés, âgés de moins de 34 ans, qui ne sont plus étudiants, sans être employés à plein temps.

INÉGALITÉ DES "ESPÉRANCES"

Le phénomène reflète une convergence entre la contraction du marché de l'emploi et les aspirations "nomades" d'une génération qui préfère des modes de vie alternatifs et le "zapping" professionnel. Certains trouvent avantage à cette situation ; d'autres ont déchanté. Un tiers des employés temporaires gagnent moins de 100 000 yens par mois (800 euros) et un autre tiers entre 100 000 et 200 000 yens.

Du temps de l'expansion, chacun pouvait penser qu'il aurait sa chance, que ses efforts seraient un jour payés en retour. Ce n'est plus le cas. Aux inégalités économiques, quantitatives, s'ajoute une disparité dans les chances : désormais, il y a la "tribu de gagnants" et la "tribu de perdants". Deux segments de la société qui tendent à se solidifier : les perdants passent difficilement dans l'autre camp. Et ils le savent. Un phénomène que le sociologue Masahiro Yamada qualifie d'"inégalité dans les espérances" . Le Japon "ne sait plus rêver" , résume Koichi Kato, ex-étoile montante du Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir.

Dans les années 1960-1980, le sentiment que tout le monde voyait son niveau de vie s'améliorer, peu ou prou, a contribué au grand "mythe" du Japon de la croissance : l'appartenance de la majorité à une "classe moyenne", définie moins en termes de revenus que de participation à la consommation de la société de masse naissante et de l'adoption de ses modèles culturels.

Le sentiment était étayé par une tendance à un relatif égalitarisme. Le coefficient Gini, qui mesure les inégalités de revenus des ménages, a longtemps été comparable à celui des pays scandinaves. L'écart entre les 20 % de la population aux revenus les plus faibles et les 20 % les plus riches n'était que de 1 à 3,4 à la fin des années 1980. Mais la période d'"argent facile" de la période de "bulle spéculative" puis le coût social de son éclatement ont inversé la tendance ; l'écart de revenus et de conditions de vie a commencé à s'élargir. La crise sociale a progressé à un rythme plus lent que la crise économique, sans provoquer jusqu'à présent de signes visibles de rupture du lien social. Mais 60 % des Japonais disent aujourd'hui se situer en deçà de la "classe moyenne".

Au cours des quatre dernières années, "le gouvernement les a appelés à endurer des sacrifices, mais peu a été fait pour améliorer leurs conditions de vie" , souligne l'économiste Masaru Kaneko. Beaucoup seraient en droit d'attendre une plus juste répartition de la richesse nationale. En 1980, Ronald Reagan avait demandé aux Américains s'ils se "sentaient mieux que quatre ans auparavant" . Ce n'est pas le cas de M. Koizumi.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 07.09.05
source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-686105,0.html

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