Des puces émettrices pour traverser la frontière

cyberpresse-Le mardi 16 août 2005
Des puces émettrices pour traverser la frontière

Après les empreintes digitales et les données biométriques, les douaniers américains en sont à implanter des puces émettrices radio dans les documents de voyage des visiteurs étrangers qui traversent la frontière canadienne ou mexicaine.

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Connues sous le nom de puces RFID (Radio Frequency Identification), ces minuscules dispositifs émettent un signal radio qui peut être lu jusqu'à 10 mètres de distance. Cette technologie, de plus en plus utilisée dans le commerce (notamment dans les entrepôts) fait l'objet de tests des douaniers américains depuis quelques jours dans cinq postes frontaliers, dont celui d'Alexandria, près de l'Ontario.

Si les tests s'avèrent concluants, l'utilisation de la technologie RFID sera étendue à tous les ports, aéroports et postes frontaliers américains.

En principe, les citoyens canadiens n'auront pas à s'y soumettre, puisqu'ils sont exemptés du programme US-VISIT. Il faut toutefois souligner qu'une loi récemment adoptée par le Congrès obligera, d'ici 2007, les Canadiens à présenter un «document sécuritaire» lorsqu'ils traverseront la frontière américaine. Le président Bush a indiqué en avril que l'utilisation de données biométriques ou d'autres technologies permettant d'assurer le «maintien du flux frontalier» sont envisagées.




Les puces à radiofréquence sont insérées dans un document appelé I-94, qui contient différentes données personnelles ainsi que le statut juridique du porteur.

Jointe au téléphone à Washington, Cynthia Obas, porte-parole du programme US-VISIT, a assuré que la technologie RFID testée dans les postes frontaliers est «parfaitement sécuritaire sur le plan de la protection de la vie privée». «Les puces n'émettent qu'un code qui ne contient aucune donnée personnelle. Ces informations sont plutôt contenues dans une base de données accessibles uniquement par les autorités compétentes», a-t-elle précisé.

Dans un document diffusé par le département de la Sécurité intérieure (Homeland Security), l'utilisation de la technologie RFID est avant tout présentée comme une solution qui permettrait «d'accélérer les procédures à la frontière tout en assurant la sécurité des voyageurs».

Levée de boucliers

L'utilisation de plus en plus fréquente de ces puces radio provoque une levée de boucliers chez les différents groupes de défense du droit à la vie privée. «De manière générale, on considère que cette technologie est efficace pour tracer des marchandises, mais dès qu'elle s'immisce dans la vie citoyenne, c'est une autre paire de manches», commente Damien Fox, coordonnateur de l'organisme Frontière électronique du Canada, qui veille au respect de la Charte des droits et libertés.

L'organisme déplore le fait que ces puces émettrices ne peuvent être désactivées sans les détruire. «N'importe quelle personne qui possède un lecteur RFID peut accéder au signal qui est émis par la puce, sans même que la personne qui la transporte en soit informée, poursuit M. Diamond. Cela soulève de sérieuses questions d'éthique et même de sécurité.»

Rien n'indique par ailleurs que les autorités américaines n'installeront pas de capteurs RFID un peu partout, notamment dans des endroits touristiques, souligne M. Diamond. «Au bout du compte, on se retrouve avec un outil qui ouvre la porte à toutes sortes de dérapages, mais qui ne règle pas nécessairement le problème de base pour lequel il a été adopté», commente-t-il.

Le bureau du Commissariat à la vie privée, de même que la Commission d'accès à l'information du Québec, surveillent actuellement l'implantation de la technologie RFID. Aucun des deux organismes n'a cependant écrit de rapport sur la question.

Chose certaine, si la tendance se maintient, les systèmes d'identification par radiofréquence risquent d'être monnaie courante d'ici peu. Le prix de certaines puces est passé, en quelques années, de plusieurs dizaines de dollars à seulement 0,40 $. Une vingtaine d'entreprises actives dans ce secteur ont récemment créé un consortium dans le but de faire baisser le prix à 0,05 $ l'unité... et de supplanter le code-barres, déjà «vieux» de 30 ans.

source : http://www.cyberpresse.ca/actualites/article/article_complet.php?path=/actualites/article/16/1,63,0,082005,1132210.php

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