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 Chronique d’une journée d’été 2005

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wapasha
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wapasha


Nombre de messages : 4560
Localisation : Pays des Abers
Date d'inscription : 30/04/2005

Chronique d’une journée d’été 2005 Empty
MessageSujet: Chronique d’une journée d’été 2005   Chronique d’une journée d’été 2005 EmptyMer 17 Aoû à 0:25

altermonde.levillage- mardi 16 août 2005, Julien Seytre
Chronique d’une journée d’été 2005

Nous sommes Mardi 16 août 2005, l’après-midi est bien avancée. Mais bon sang, d’où me vient cette gueule de bois que je traîne depuis mon levé ? J’ai le cerveau embrumé, la mémoire paresseuse... Ouaip, hier c’était bien le quinze août - pourtant je n’ai rien fait de particulier, pas une goutte d’alcool, je ne suis même retourné au port pour le feu d’artifice, la cohue de l’après midi et la chaleur excessive m’avaient découragé.

Citation :
Fais un effort Juju, qu’as-tu fais hier ? Je me rappelle bien être allé prendre un kawa à la terrasse de la crêperie de ma copine Yvette. Ben ! rien de terrible, c’était même plutôt cool. Ma copine a un petit troquet sans ambition à l’abri d’une placette de village, niché dans le Vieux-Nice, derrière le cours Saleya, temple du m’as-tu vu. Non .Vraiment. Rien.

Je me souviens. Je me suis assis à une table, nous avons papoté un instant entre deux clients, je suis allé dire bonjour à sa sœur Riton de la boutique des jouets à côté. Puis je suis revenu à la table, Yvette m’a offert le café (comme elle le fait quasi quotidiennement depuis que ma situation sombre dans l’abîme). Et de façon machinale, j’ai pris le journal du jour et j’ai commencé à le lire tout en sirotant mon café. Ah... ça commence à me revenir...

La une de Nice-Matin donne encore dans le racolage estival : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les touristes sont là en surpeuplement, ça consomme à tour de bras. Un p’tit truc par çi, un p’tit truc par là, le gros pavé de pub, passe à la deuxième page...

Je suis fasciné par tout ce qui vole dans les airs, aussitôt mon regard est accroché par une photo grand format, quart de page : un alignement de jets magnifiques - ben, oui, me dis-je, tu peux être un écolo radical convaincu, n’empêche qu’un avion c’est beau, na ! je peux encore m’accorder cette déviance visuelle -. Le regard s’écarte vers le titre baveux comme pas un, les avions des stars se bousculent sur les parkings privés de l’aéroport, suit un article recensant complaisamment les VIP venues faire coup double : passer du bon temps et soigner leur image. La légende du pic dénombre soixante jets à Nice et une grosse quarantaine à Cannes. Autre page...

Curieux... j’ai un picotement dans la gorge.

Bon. Brèves de quartier et des communes environnantes : r.a.s. Le train-train habituel : Nice-Matin étant d’obédience réac, je décode sans problème la violence au petit quotidien et la peur savamment instillée, les informations enflées de vacuité. Tout juste, a-t-on évité la cata à Villefranche : un voilier synthétique est entièrement parti en fumée à son amarre, pas de victime, pas de dégâts collatéraux, on a pu écarter les autres embarcations à temps. Je plains le gars qui vivait dessus à demeure, peut-être le rêve de toute une vie réduit à néant. Autres pages encore ...

Ca picote davantage en fond de cale...

Surprise renouvelée plusieurs fois ces dernières semaines ! Depuis quelques temps, le quotidien consacre une pleine page aux « informations » religieuses. Pas n’importe quelle religion. Catho... Quelques jours auparavant, c’était « Les Apparitions de la Vierge Marie dans les Alpes-Maritimes » - ah ouai, je me souviens aussi, j’ai ricané - ouf ! il ne s’agissait que d’expositions de reliques dans différents lieux du département, on l’a échappé belle ! Hier, grosse poussée de ferveur, nous avons eu droit au programme par le menu de l’Assomption jusque dans la moindre chapelle du fin fond de la province... Messes en plein air en ville dans plusieurs quartiers, ça me gratte franchement le fond du gosier, cette histoire... Tiens, voilà que les curés du cru ont besoin de vacances « bien méritées », et que le diocèse importe des « curés de l’été », objet captivant de « l’information » concomitante. Tous des blacks, les curés de l’été... Je sens tout à coup monter une bouffée de chaleur, je relève le nez. Le ciel est d’un bleu magnifique, pas d’orage en vue. Juste la catapulte de l’aéroport en ce 15 août. Je retourne à ma lecture.

Nom de nom ! Pas encore satisfait de les avoir convertis par la force du goupillon, il faut encore qu’on leur impose les travaux pratiques en métropole. Des fois que leur cambrousse soit encore infestée, ils pourront toujours appliquer les méthodes percutantes apprises au cours de leur stage et devoir de vacances. L’évêque local appelle ça « jumelage ».

Bon. Là je reconnais la cause de mes grattouillis du pharynx et de mes bouffées de chaleur : l’agacement.

Franchement irrité je referme le menteur, fais mes civilités à tout ce petit monde de la place de la crêperie et entame la promenade retour à la maison. Il fait beau, le ciel est limpide, l’air est moins étouffant : - Julie, dis-je, (le nom de ma chipette de chienne adorée), pas de vieille ville, passons par le port.

De loin, un attroupement important, une vague musique. S’approchant, au travers de la circulation ; drôle de musique, il y avait du blues-jazz en début d’après-midi, ça n’y ressemble plus. Soudain, stupéfaction ! Comme au quatre coins de la ville, le domaine public est investi de centaines de gens manifestant leur foi catho en grande pompe démonstrative : la grand-croix sur la scène visible à un mille nautique, les curés, les enfants de cœur, la procession, la sono tonitruante et les grandes orgues !

Je passe de l’irritation à la colère.

C’est à se demander s’il ne s’agit pas là d’une provocation délibérée. Je me dis que si Peyrat, maître es-facho de Nice, ses sbires et vassaux, ont entrepris de faire monter la mayonnaise en vue d’une dictature nationale en 2007, ils ont su activer le levier de l’intégrisme religieux. Bien calculé ! Ca réveillera les « consciences » des ouailles catho, ça rappellera aux prélats des confessions concurrentes ou opposées qu’il serait opportun que leur propres brebis se raniment elles aussi. Ca attisera les haines mutuelles et permettra d’administrer copieusement les coups de bâton, histoire de signifier qui tiendra le manche, et de quelle façon.

Arrivé au bercail, passablement échauffé, je vais prendre la collation rituelle du soir chez ma voisine âgée. Nous nous asseyons devant la téloche. Nous grignotons nos amuse-gueules quand survient l’heure des infos.

Patatras ! C’est l’avalanche de saloperies ! Les avions percutent la planète, mais il y a pas assez de fric pour les entretenir et les pilotes sont des amateurs... Avec force mise en scène médiatique et illusionniste, (on en viendrait à les plaindre), les Israéliens en pleurs évacuent les zones occupées, non sans avoir saccagé et souillé d’insultes au nom de dieu, les terrains qu’ils ne restituent même pas à leur légitimes propriétaires, puisque les palestiniens ne pourrons pas y retourner avant que le chacal Sharon ne le décide... Ce lieu de repos éphémère de gitans est carbonisé par une main anthropophage... Les vacanciers trop pressés se suicident contre les platanes qui traversent la route avec leurs bagnoles surchargées et surpuissantes... La forêt et la terre brûlent un peu partout...

C’en est trop, je referme ma porte sur une journée accablante. Je n’ai plus envie de dîner. A contre cœur, je prends un comprimé d’anxiolytique et de somnifère ; ces insomnies persistantes m’épuisent.

Et puis je me couche. Bonne nuit. On efface tout et on recommence.

Ca y est, je sais d’où vient ma gueule de bois.

Julien.
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3426

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