« Faire du chiffre » : Obéir à l’injonction ou résister ?

altermonde.levillage- lundi 25 juillet 2005, Jean Dornac
«Faire du chiffre» : Obéir à l’injonction ou résister ?

Il est des mots, des expressions qui semblent innocentes. « Faire du chiffre » fait partie de cette tendance. C’est l’une des expressions favorites de Nicolas Sarkozy. Est-ce, de sa part, culturel, attaché à la présence de son frère dans les instances du malfaisant Medef ou encore une de ces expressions qu’il veut, qu’il souhaite provocantes ?

Citation :

Un peu de tout cela, sans doute ! Mais, ce bout de phrase montre surtout le manque d’intelligence morale, dans le sens de la compréhension de ce qu’est la morale humaniste, du personnage.
- Lorsque qu’il exige que ses policiers fassent du chiffre, il les pousse à la bavure. Au passage, je rappelle qu’elles sont en expansion constante depuis que Sarkozy est arrivé la première fois au ministère de l’Intérieur. Vous croyez au hasard ?
- Lorsqu’il exige du chiffre dans les expulsions (pardon : « dans les reconduites », ça fait plus civilisé !) d’étrangers, il pousse ses fonctionnaires à enfreindre les lois de l’hospitalité, les droits de l’homme, il les pousse à agir en tant qu’exécuteurs de ses basses œuvres. En principe, dans une république qui aurait encore un quelconque sens démocratique, puisque c’est un ministre qui a pris la décision, c’est tout le pays qui est censé avoir soutenu cet ukase. Mais, pour ma part, c’est un refus catégorique, je ne me reconnais pas dans la barbarie ! Et nous sommes une foule dans ce cas...
- Lorsque lui, ou d’autres, exigent de leurs salariés de faire du chiffre, ils les poussent à voler (je pense aux commerciaux), ils les poussent à devenir des tueurs au moins dans l’esprit des choses (par la compétitivité). C’est innocent, n’est ce pas ! Sauf que ça nous ramène au temps des cavernes... Rien que ça !

Je me rends compte que cette propension à utiliser des termes économiques dans la vie de tous les jours, sous l’effet de la pensée et du langage uniques, déshumanise ceux qui acceptent de tels ordres. Et plus ça va, plus nous avançons dans cette voie abominable, plus les crimes contre l’humain progressent. L’économie au service de l’homme, ça n’a pas plus d’intérêt que ça, mais ça va ; l’homme au service de l’économie, en revanche, est le plus sûr chemin qui mènera toute l’humanité à la folie, y compris meurtrière.

Faut-il ou non obéir à des ordres moralement inacceptables ?

Pour Gandhi, c’est non ! Je rappellerai sa phrase qui donne son sens à Altermonde-levillage : « Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir. »

Je rappellerai aussi l’exemple du Général de la Bollardière qui a préférer briser sa carrière militaire plutôt que de devenir complice des tortures qui se pratiquaient pendant la guerre d’Algérie. Ce fut un grand homme, mais l’un de ces grands hommes que les petits qui nous gouvernent aujourd’hui se gardent bien de citer en exemple...

Alors, faut-il obéir ou non ? On me répondra sans aucun doute qu’il n’y a pas le choix, qu’il faut obéir aux ordres tout au moins si l’on ne veut pas perdre sa place et rejoindre la cohorte des chômeurs, des brisés de la vie. Que n’a-t-on pas commis comme crimes au nom d’une telle réponse ! Sans doute, si l’on s’abstient de réfléchir plus loin, cette réponse est-elle pertinente, mais tout de même, il faudrait se rappeler qu’obéir aux ordres a une limite ! Tous les criminels nazis, lors des jugements, ont répondu, pauvres innocents, qu’ils n’avaient fait qu’obéir aux ordres... Et que donc, ils n’étaient pas responsables... Ceux qui, l’autre jour, à Londres, ont envoyé cinq balles dans la tête d’un innocent, sans doute, n’ont-ils, eux aussi, qu’obéi aux ordres. Cela n’empêche pas, en conscience, de faire d’eux des assassins !

Evidemment, Dornac exagère encore ! Vous en êtes si persuadés ? Prenez l’exemple de ce jour : Sarkozy doit se frotter les mains, son chiffre d’expulsion verra sa courbe monter. Aujourd’hui ou demain, un charter, plein comme un œuf de « sales étrangers » va expulser de « sales » afghans ! Hé bien quoi ? Ce ne sont que des étrangers et, circonstances doublement aggravantes, pauvres et probablement musulmans ! C’est du moins la « fine pensée » qui se dégage des discours sarkoziens au travers de son choix privilégié des cerveaux bien pleins, côté étrangers. Les autres, forcément, « ceux dont personne ne veut » (c’est de lui), ne sont que des êtres insignifiants, nécessairement des sous-hommes ; la preuve, personne, comprenez aucun puissant, aucun riche, n’en veut !

Mais, me direz-vous, en quoi les fonctionnaires, les accompagnateurs, les aviateurs qui obéiront aux ordres infâmes, pourraient-ils être assimilés (même si c’est, pour l’instant, dans un degré moindre) au principe d’obéissance invoqué par les nazis ? En quoi ? C’est simple : L’Afghanistan d’aujourd’hui connaît le choléra ; c’est un pays qui souffre à nouveau de très graves troubles, voilà en quoi (Voir : La démagogie des charters, un renvoi imminent d’exilés Afghans vers Kaboul ?).
Cela revient à envoyer certains des expulsés à la boucherie ! Bien entendu, nul fonctionnaire, accompagnateur ou aviateur obéissant au ministre de l’Intérieur ne reconnaîtra jamais aucune responsabilité personnelle si l’un de ces expulsés devait mourir du choléra ou sous les balles d’un chef tribal, voire sous les balles d’un Taliban puisque certains sont revenus dans ce pays. Diantre ! Ils n’ont fait qu’obéir aux ordres ! Ça me fait penser à Blair qui ne reconnaît aucune responsabilité anglaise qui puisse justifier les attentats de Londres aux yeux de ceux qui ont fait ça... Alors, évidemment, il ne faut pas dire et répéter des choses comme ça ! Car ce serait pointer du doigt l’échec des Américains, des Anglais et des Français en Afghanistan, et ça ferait désordre. Vous avez déjà vu des dictatures, même à la sauce sucrée, aimer le désordre, vous ?

A mon avis, une fois envoyés vers leur tragique sort, plus personne n’entendra parler des malheureux expulsés par la très puissante, très riche, très libérale et très chrétienne Europe ! Et on s’étonne, après, que certains jugent bon de faire exploser des bombes jusque dans nos métros ou dans nos trains !

Ce qu’un démagogue comme Nicolas Sarkozy réussira, au final, à produire comme chiffre, et il sera impressionnant, c’est le chiffre de la haine accumulée contre l’Europe et la France ! Celui-là, et celui-là seulement, sera brillant, sera faramineux... Beau résultat, non ?

Allez donc comprendre pourquoi tant de Français se disent prêts à le choisir comme Président ?
Lorsque des conséquences terribles tomberont sur leur tête, il ne faudra peut-être pas qu’ils s’étonnent...

Citation :

commentaire

Tu n’exagere rien Jean et tu n’est pas seul a penser cela !

Moi je n’obéis pas, et peu m’importe les consequences, j’ai preferé perdre emploi, securité... que de me plier devant de tels escrocs et ce n’est pas demain la veille qu’il me reverrons produire, faire du chiffre, c’est terminé.

Non seulement il faut désobéir, mais il faut le faire le plus ouvertement possible et l’apprendre à nos enfants, avec un beau majeur levé à la terreur qu’ils instaurent.

wapasha

source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3288

@+