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 L’Homme comme unité

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FleurOccitane
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MessageSujet: L’Homme comme unité   L’Homme comme unité EmptySam 25 Juin à 11:39

Citation :

L’Homme comme unité
--> … L’individu est sa propre fin, sa patrie, le temps est la durée de son existence, l’histoire son histoire…

Le mobile principal du comportement de la majorité des hommes, sinon de tous est la crainte ou plutôt un ensemble de craintes.

Craintes métaphysique, provoquée par l’inconnu de la mort. Crainte instinctive, provenant des conditions précaires de survie qui furent celles de l’Homme aux débuts de l’humanité. Crainte acquise, souvenir des mauvais traitements subis par le plus grand nombre quand il fut arrivé à une civilisation, c’est-à-dire d’abord à un groupement sous l’autorité d’un chef. Crainte de l’avenir.

Craintes entretenues par la société, les sévices s’abattant sur qui s’écarte des normes fixées par les dirigeants. (*) L’échafaud, la prison et l’hôpital psychiatrique sont les remparts du pouvoir.

La société exploite au maximum ces craintes qui assurent son emprise. Les gouvernés craignent les gouvernants mais ceux-ci ont aussi des raisons de crainte, notamment celle de perdre leurs privilèges qui les pousse à durcir leur autorité.

La crainte paralyse l’individu et l’empêche de se libérer. Il ne trouve généralement qu’à se réfugier dans l’espoir.

L’espoir est habituellement présenté « comme l’attente d’un bien qu’on désire et que l’on entrevoit comme probable ». Définition d’un optimisme de commande. En fait l’espoir est un leurre, une des meilleurs défenses psychologiques des maîtres. Il ne procède pas d’une démarche de l’intelligence mais d’un obscur sentiment de défense. C’est le réflexe de l’être faible contre l’adversité. Il est irrationnel car il fait attendre de l’avenir une compensation à un sort mauvais qu’il aide à accepter dans le présent. C’est le demain du politicien et l’éternité du pontife.

Si la crainte paralyse, l’espoir est stérilisant. Associés ces deux sentiments sont la chance majeure des oppresseurs qui leur ont ajouté une troisième arme : la culpabilité présumée de l’individu. « Nul n’est censé ignorer la loi. »

Or les lois sont innombrables, souvent confuses, parfois contradictoires, il est impossible de les connaître, donc de les respecter toutes. Chaque individu vit dans un état de culpabilité légale permanente. L’ignorance de la loi est le péché originel du chrétien étendu à tous les hommes.

A ce prétendu coupable on apprendra, le plus tôt possible, à révérer les lois de la société. Il est caractéristique que dès les petites classes le récit de la mort de Socrate d’après la version de Platon soit pieusement enseigné : Socrate, condamné à mort, refuse de s’enfuir pour rester fidèle aux lois de l’état. Ces lois, s’incarnant, viennent même lui conter un tissu de sophisme : « … que vises-tu par le coup que tu vas tenter, sinon de nous détruire, nous les lois de l’Etat tout entier… oserais-tu soutenir d’abord que tu n’es pas notre enfant et notre esclave… »

Jamais les cours d’instruction civique ne font allusion au récit de Xénophon d’après Hermogène, disant que Socrate était peut-être las de vivre et qu’il craignait les infirmités de la vieillesse. Encore moins n’évoquent-ils l’hypothèse, plausible, selon laquelle Socrate voulait défier une dernière fois les athéniens dont il s’était moqué tout au long de son procès et leur laisser, pour les générations futures, l’opprobre d’avoir assassiné un juste.

La fable de Platon est la charte de la doctrine qui veut que l’individu doive, en premier, être soumis aux lois de l’état, à l’autorité.

L’autorité donne la possibilité au chef de disposer des autres selon son bon plaisir. A l’origine le chef a tiré son autorité de lui-même. Il a rapidement compris qu’il lui fallait l’asseoir sur des bases invérifiables et il a fait admettre qu’il la tenait d’une divinité. Les prêtres, bénéficiant de son appui ne pouvaient qu’approuver. Les religions perdant progressivement leur emprise il a fallut changer de soutien. « Voix du peuple – voix de dieu » (**). Tel fut le passage. Le peuple, entité déifiée ne confère pas le pouvoir – l’élection est un système fallacieux – mais il consacre.

Une certaine consolidation de l’autorité est toujours aisée. Il suffit au chef d’en déléguer des particules contrôlables. Il y a assez d’hommes ayant des tendances à l’oppression et l’amour du gain facile pour les accepter.

Leur type est ce que l’on nomme dédaigneusement et avec raison « le petit chef », servile et despotique. Aucune autorité, aucun pouvoir, y compris le pouvoir ouvrier, aussi nocif et injustifiable qu’un autre, ne sont légitimes. La seule légitimité est celle des droits de l’individu. L’autorité devient sa propre fin, elle s’exerce à propos de tout et de rien, uniquement pour s’affirmer.

Tout acte autoritaire est une brimade. Nous ne citerons qu’un témoignage de ce à quoi peut aboutir l’autorité. Il semblera mince, auprès de toutes les atrocités qui sont la toile de fond des livres d’histoire, ces martyrologes de l’homme, mais il est caractéristique.

En 1925, un jeune prisonnier détenu au bagne d’enfants de Belle-Île fut puni pour avoir bavardé, durant la nuit, au dortoir. C’était un sourd-muet.

(*) Nous avons employé indifféremment les mots de chef, dirigeant, gouvernant, maître, oppresseur. Ils sont synonymes.

Nous avons agi de même pour administré, gouverné, opprimé, subordonné. Ils correspondent à l’état des personnes qui vivent dans chaque pays : les chefs, le reste de la population. Cette situation a été fort bien définie, au dix-neuvième siècle, par un partisan de l’autorité, Louis de Bonald : … « deux peuples ennemis depuis plus de mille ans, au milieu d’un même peuple… ».

(**) Nous ne prenons pas parti sur la question de l’existence d’une divinité, sa solution étant du seul domaine, irrationnel, de la croyance. Par contre nous sommes plus que méfiant à l’égard du clerc, type d’oppresseur particulièrement dangereux. Le reproche essentiel que l’on peut faire au christianisme n’est pas d’avoir apporté une nouvelle hypothèse métaphysique mais la résignation, contre-balancée par l’espérance élevée au rang de vertu théologale.

Est-ce un hasard si la résignation – « savoir se contenter de son sort » – doit être, selon les chefs, la règle d’or des subordonnées ?

Gustave Arthur Dassonville – L'Homme comme unité : Chapitre premier – Le Brûlot n°100

Mis en ligne par Mirobir, le Dimanche 19 Juin 2005, 04:18 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/8022.shtml
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: L’Homme comme unité   L’Homme comme unité EmptySam 25 Juin à 11:40

Citation :

L’Homme comme unité : chapitre II

Quant à lui-même, il est permis de dire que l’individu est le monde puisque celui-ci cesse d’exister pour lui au moment de sa mort. Il ne devrait pas être soumis à ce qui, pour lui, n’existe que par lui.

L’individu est sa propre fin, sa patrie, le temps est la durée de son existence, l’histoire son histoire.

Il devrait avoir le droit de vivre librement, s’il respecte toutes les libertés des autres. Mais il n’en va pas ainsi. Sous le prétexte d’ordonner la vie commune, des lois ont été établies qui restreignent la liberté individuelle, sans justification comme sans motif avouable.

Depuis qu’il y a une société, la dépendance de l’individu est telle qu’il abandonne toujours plus qu’il ne reçoit.

Au cours des âges la société a perfectionné sa mainmise, tendant vers une sorte de gigantesque caserne où l’individu ne sera plus que le jouet ou plutôt, selon la formule appliquée aux esclaves romains « l’instrumentum vocale », l’outil qui parle, de chefs infaillibles.

L’oppression de l’individu par la société est chaque jour plus grande, plus dure, plus totale. Le monde s’appesantit sans cesse d’obligations et d’interdictions nouvelles. Un des plus typiques exemples d’oppression est l’interdiction de la liberté de la conception. Ici la raison d’état – main-d’œuvre et soldats abondants – s’allie au fanatisme religieux « Croissez et multipliez, dieu reconnaîtra les siens ».

Les notions de liberté et d’intérêt individuels disparaissent devant celles de pouvoir illimité de la communauté et d’intérêt dit général, cette dernière expression recouvrant une somme de puissants et sordides intérêts particuliers.

De plus en plus les grands problèmes qui conditionnent la vie de l’individu sont traités en fonction de la communauté à laquelle il appartient, même si l’intérêt de cette communauté – en fait celui de ses chefs – s’oppose à ceux de la majorité des individus qui la composent.

Les maîtres sont gens habiles. Ils laissent, chaque fois qu’ils le peuvent sans nuire à leur autorité, l’illusion de l’indépendance à ceux qu’ils dominent. Ils ont recours à des notions, des formules et des mots qui flattent la paresse naturelle autant que la vanité, pervertissent le sens critique et aident les hommes à supporter la servitude : nation, patrie, intérêt général, solidarité entre générations, droit de vote, pérennité… l’énumération complète serait longue.

Une nation est un ensemble d’hommes et de femmes vivant sur un territoire constitué au hasard des conquêtes et des défaites, régis par l’état qui n’est, quelle que soit sa forme, que le directoire des appareils de coercition.

La patrie est une sorte de projection sentimentale du pays natal. L’amour de la patrie, la douceur d’y vivre célébrés à l’envi par les officiels ne mentionnent jamais les difficultés que l’on rencontre pour subsister décemment dans un autre pays : langue différente, protection des autochtones à qui les possibilités de travail sont réservées.

Les pérégrinations des oisifs fortunés montrent qu’il est facile de changer de patrie lorsqu’on peut vivre aussi bien ailleurs. Par contre, les émigrants venus de contrées pauvres cherchent à demeurer dans le pays riche où ils ont trouvé un sort meilleur et très souvent ils essaient de s’en faire conférer la nationalité.

Quant au fait d’être gouverné par l’un plutôt que par l’autre, il est impossible d’en formuler l’indifférence plus simplement que l’a fait La Fontaine : « Notre ennemi c’est notre maître ». Mieux vaudrait un régime extérieur s’imposant dans le pays natal et respectant les libertés individuelles qu’un gouvernement national les supprimant.

Intérêt général, solidarité entre générations ? Pièges anciens mais trop souvent efficaces. Combien de volontaires écoutant des exhortations intéressées se sont fait tuer entre 1914 et 1918 pour que leurs enfants ne connaissent plus la guerre ? A quoi ont servi les sacrifices imposés à chaque génération sous le prétexte d’assurer le bien-être des suivantes ?

Une des plus subtiles déviations de la notion de la liberté est le prétendu partage du pouvoir que constitue le droit de vote. Certes chacun est libre de présenter sa candidature lors d’une élection, mais l’indépendant n’a aucune chance d’être élu, à moins que de disposer d’une importante fortune personnelle. Ne peut espérer le succès que celui qui s’est agrégé à un parti. Quant au référendum, dans sa sécheresse, c’est le type achevé de l’imposture du vote. Ici la faible nuance du choix entre plusieurs mandataires disparaît car on ne demande que de répondre par oui ou non à une question choisie par les gouvernants et qui, apparemment, ne concerne peut-être pas l’intention réelle : l’approbation à un homme, à la faveur de la consultation. Dans les pays où le vote est obligatoire, la seule réponse à un référendum est le non au chef.

De toute façon, dans les circonstances importantes, pour décider d’une guerre par exemple, les individus ne sont pas consultés. Au contraire alors les dirigeants n’agissent que selon leur bon plaisir, abrités derrière le commode paravent de l’intérêt dit général.

Les gouvernants ont volontiers recours à un argument qui n’est, lui aussi qu’un sophisme : la pérennité. La France éternelle, l’Allemagne éternelle, l’impérissable souvenir d’un régime, d’une victoire ou d’un homme.

En supposant que la terre ne se refroidisse pas ou ne soit pas calcinée par l’explosion du soleil, en admettant – si une de ces éventualités se réalisait – que les hommes aient pu se réfugier avant sa destruction sur une autre planète ou dans une autre galaxie, que restera-t-il de tous ces pays éternels et de ces hommes « immortels » non pas dans l’inconcevable éternité mais dans mille milliards de millénaires ?

Gustave Arthur Dassonville – L'Homme comme unité : Chapitre deuxième – Le Brûlot n°100

Mis en ligne par Mirobir, le Mercredi 22 Juin 2005, 03:27 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/8039.shtml
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: L’Homme comme unité   L’Homme comme unité EmptySam 25 Juin à 11:41

Citation :

L’Homme comme unité : chapitre III

Il est trois notions qui, pour l’homme libre, ont une haute signification : celles de liberté, d’égalité et de fraternité.

Les chefs les ont transformées en une phraséologie. Elles sont devenues des thèmes de propagande particulièrement propres à leurrer les ilotes, le palladium de toutes les ambitions et de toutes les exactions.

L’égalité et la fraternité servent à flatter la sensiblerie, ce qu’on appelle le cœur du peuple, pourtant toujours prêt à lapider le non-conformiste. Les vit-on jamais sortir de la théorie pour s’introduire dans les mœurs ?

Les pays dits civilisés dénoncent ce qu’ils nomment la justice des rois nègres. Leur justice est-elle tellement différente dans son essence ? La torture existe toujours. Autrefois les juge avaient la décence de ne pas parler de la spontanéité de l’aveu et d’indiquer par quels supplices il avait été obtenu.

Quant à la liberté dont le nom s’inscrit au fronton des prisons françaises, les états, les partis et les religions ne s’en réclament que pour mieux opprimer. Car la liberté que beaucoup exigent n’est autre que la liberté d’opprimer, pour faire prévaloir leurs idées et surtout pour assurer leurs intérêts.

Certes, chacun ou presque reconnaît le droit à la liberté, mais en théorie seulement. Beaucoup méprisent ce droit, que ce soit au nom d’une divinité, par cruauté, par goût d’opprimer ou par intérêt. La société, elle, le foule aux pieds.

.

Si presque toutes les constitution des états l’exaltent, toutes les lois le restreignent. Mort et prison sont la rengaine de tous les codes, prostitution ou faim le seul choix laissé à l’individu.

Qui, sinon leurs fidèles, oserait prétendre que les gouvernements veulent la libération des individus ? L’exemple donné par les gouvernants des anciennes colonies ayant accédé à une certaine indépendance est probant. Les ex-colonisés ont simplement changé de maîtres.

Les lendemains qui chantent ne sont qu’une fiction de poète démagogue. Demain ? Du sang et de la boue, car là semble être le lot de l’humanité, chaque jour un peu plus de sang et un peu plus de boue.

Il n’empêche qu’au nom de ce prétendu partage de souveraineté que nous dénoncions précédemment, on convie l’individu à choisir. On lui demande de s’engager, c’est-à-dire de prendre parti pour un groupe d’homme, contre les autres.

Nous estimons que nul régime, tel qu’il existe actuellement, ne vaut que nous prenions son parti, c’est-à-dire que nous lui sacrifions une part de nous-même car s’engager c’est obligatoirement aliéner une partie de soi.

S’il nous faut définir l’engagement, disons que c’est l’action d’entrer au service de quelqu’un (s’abritant généralement derrière une idéologie) moyennant des gages et en en donnant. Ajoutons qu’il comporte toujours une volonté ou un espoir de profit – argent, honneurs, soif de commander.

S’engager, c’est opter pour les charniers et les tas d’immondices. Nous-nous y refusons. Il faut être naïf ou stupide pour se résoudre au choix que proposent les société : démocratie populaire ou démocratie ploutocratique, droite ou gauche, socialiste ou conservateur… bombe atomique ou nuage microbien.

Nous ne croyons pas qu’il soit possible, avant longtemps, de jeter à bas les monstrueuses machines d’asservissement que sont les institutions des états modernes. Trop d’hommes, craintifs, conservateurs, engagés ou abêtis, sans doute les quatre choses mêlées, font preuve d’une telle passivité devant la contrainte que tout espoir en est vain.

Vit-on jamais une opposition sérieuse à la guerre ? Y eut-il des protestations généralisées, des mouvements cohérents de révolte en septembre 1939 ?

Vit-on jamais, non plus, une opposition de longue durée, donc efficace, à la misère ?

La tentative de libération de mai 1968, à Paris, d’autant plus importante qu’elle n’avait aucun objectif patriotique ou nationaliste, ne fut qu’un feu de paille. Elle a laissé beaucoup de rancœurs, tant chez les opprimés que chez les oppresseurs. Elle a eu cependant un immense mérite : sous l’impulsion des libertaires, beaucoup de gens ont pris conscience des données de leur existence, données dont ils n’avaient jusque là qu’une perception volontairement faussée par la propagande des gouvernements et des syndicats.

Certes, les peuples n’aiment guère leurs chefs. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les propos tenus contre les hommes publics, mais généralement ces manifestations de mécontentement ne dépassent pas le stade du verbe. Les gouvernants connaissent cette veulerie quasi totale. Héritiers des souverains de droit divin, ils continuent à s’identifier à l’état, leur seule règle de conduite étant leur bon plaisir. Pourquoi hésiteraient-ils ?

Si on ne peut gouverner innocemment du moins le fait-on impunément.

Les châteaux et les palais, monuments élevés en défi à la misère et à la bêtise humaines sont les témoins de pierre de l’incapacité des masses à la révolte. Si nombre de gens admirent et respectent les palais, c’est moins par amour de l’art que par une séquelle du servage.

Ceux qui pourraient le mieux élever la voix, les intellectuels, se taisent presque toujours, leur grand nombre, dévoyé, vivant de la prostitution de l’intelligence jusqu’à aller au devant des désirs des gouvernants.

Qu’on ne croie pas que nous souhaitons promouvoir une aristocratie d’intellectuels.

La qualité d’intellectuel ne se mesure pas au degré d’intelligence ou de connaissances. Est intellectuel qui reconnaît la primauté de l’esprit.

La subversion à deux grandes causes : le besoin, que le pouvoir peut aisément apaiser en distribuant quelques aumônes et l’intelligence. L’intelligence qui remet tout en cause est le principal souci des chefs. Pour eux elle est « l’esprit malin qui détruit les idoles ».

Et pourtant… Comprendre, le plus beau fleuron de l’Homme.

La protestation contre l’oppression est l’impôt de l’esprit.

Gustave Arthur Dassonville – L'Homme comme unité : Chapitre troisième – Le Brûlot n°100

Mis en ligne par Mirobir, le Samedi 25 Juin 2005, 02:37 dans la rubrique "Pour comprendre".

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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: L’Homme comme unité   L’Homme comme unité EmptyLun 18 Juil à 0:47

Citation :

L’Homme comme unité : chapitre IV

S’il semble impossible de détruire l’oppression, rien n’oblige de s’en rendre le complice, c’est-à-dire d’y collaborer ou seulement de l’approuver.

Service, servitude, devoirs envers les états, obéissance on n’y force vraiment que qui les accepte. La soumission est un devoir de bête de somme, non une vertu d’homme.

Le refus de composer avec l’oppression ne laisse d’autre recours qu’au repli systématique sur soi-même.

Vivre replié sur soi, en soi. L’individu revient ainsi à sa fin naturelle, qui est lui-même et non une collaboration à un monde dominateur. D’ailleurs la vie intérieure offre assez de ressources pour que le refus de composer avec l’indigence du monde soit non seulement acceptable, mais préférable.

Les profiteurs de la « civilisation » ont si bien compris les dangers que la pratique généralisé du développement individuel leur ferait courir qu’ils s’appliquent à en détruire le goût, le désir et surtout la possibilité.

Ils donnent tout leur appui au cinéma, à la radiodiffusion et surtout à la télévision (contrôlé par une censure qui ne laisse aucune possibilité à un non-conformisme de s’exprimer) ainsi qu’au sport-spectacle et qu’à la « grande » presse. Il leur faut régner en toute quiétude sur des individus ayant perdu l’habitude et la possibilité de penser ou de sentir par eux-mêmes.

Le repli peut parfaitement régler la vie de l’individu. Il n’implique pas la solitude. Le temps des ermites est révolu. Au contraire, il y a quasi impossibilité de vivre seul et les nécessités de l’existence imposent un devoir, celui de respecter la liberté des autres – nous sommes presque gêné de répéter cet impératif.

L’homme équitable, lui, la respecte – il a dépassé le stade du primitif qui ne peut se contenter de sa seule vie et qui veut intervenir dans celle des autres. S’imposant ce devoir, il a le droit strict de vivre librement.

Envers la société considérée en général sa position est celle de spectateur, position concrétisée par le défaitisme, refus total de collaborer avec l’oppression.

La meilleur forme de défaitisme est la sous-consommation, ou plutôt la seule satisfaction des besoins essentiels. En augmentant ses besoins, l’individu est tenté ou forcé de se faire le complice de l’oppression, d’autant que l’impôt prélevé par la société sur chacune de ses dépenses sert à alimenter les appareils de contrainte.

Il semblerait que la sous-consommation doive s’accompagner du sabotage. Si le sabotage actif (destructions violentes) expose à la répression, le sabotage passif est, lui, sans danger.

Contempler, croiser les bras, laisser les donneurs de conseils équivoques prêcher dans le désert, pourrait être excellent si de nombreux individus y consentaient, dussent-ils hurler avec les loups et frapper dans l’ombre.

Des résultats décisifs contre l’oppression seraient peut-être obtenus – nous avons déjà dit que nous ne croyons pas à la possibilité prochaine d’un mouvement d’envergure concerté dans l’espace et dans le temps.

Le seul symptôme encore rassurant est constitué par le nombre de gens qui se refusent à voter.

La société jugera ce comportement sans indulgence, car elle n’est pas disposée à laisser quelqu’un vivre sans contrainte.

Mais l’oppression s’exerce par l’intermédiaire d’individus et contre ses tenants ou ses valets aucun ménagement ne s’impose. Toute représaille est bonne contre qui s’arroge le droit d’opprimer. Nous refusons l’objection qui prétend que l’agent d’exécution ne fait qu’obéir et qu’il ne doit pas subir de représailles. C’est justement son obéissance que nous lui reprochons. Acceptant de se faire l’instrument de l’oppression il assume ses risques.

Certes, le mot de représaille sonne mal. Il évoque les cruautés des « civilisations ».

Ici, il représente la défense ou la revanche de la victime sur le bourreau. Les imbéciles et les coquins ne comprennent pas le langage de l’équité mais ils entendent fort bien celui de la force. Aussi doivent-ils être sanctionnés selon les dommages qu’ils ont causé. Insensibles à la raison ils sont vulnérables au moins en un point, que ce soit dans leur chair, dans leurs biens ou dans leurs affections.

L’individu opprimé doit frapper sans ménagement, au meilleur endroit, tout coup étant bon qui échappe à la répression. Certains individualistes rejettent systématiquement le recours aux lois. Nous ne les suivons pas. Au contraire, nous ne voyons aucun dommage à ce que les tenants des lois – eux seuls bien entendus – soient déférés aux rigueurs d’une justice d’état qu’ils approuvent dès l’instant qu’elle frappe les autres.

Nous n’envisageons pas de confronter l’ensemble des données de la morale habituelle avec notre conception de l’existence.

Le bien et le mal ? Pour la société le bien est tout ce qui favorise son emprise, maintenant ou accentuant le système sur laquelle elle est basée, le mal tout ce qui est susceptible de l’anéantir ou seulement de la limiter. Pour l’individu, le bien est tout ce qui exalte sa personnalité et d’abord sa liberté, le mal tout ce qui le contraint ou le diminue. Pour l’individu dans ses rapports avec ses semblables le bien est de respecter leur liberté, le mal de la restreindre.

D’autres ont déjà montré que la propriété est une des causes principales de la contrainte sociale. Sa légitimité n’est qu’un postulat métaphysique, comme la croyance en un dieu. Mais dans ce cas le châtiment de ceux qui transgressent le dogme est immédiat et rigoureux, « l’ordre » voulant tout d’abord le respect des biens des possédants. L’accession à la petite propriété préconisée par les gouvernements a pour but de préserver la grande. Le petit propriétaire révère le dogme auquel il participe.

Le respect de la propriété et particulièrement de la grande n’est qu’une question d’opportunité.

Le respect de la vie humaine ressort, lui aussi, de la croyance. Il suffit de considérer avec quelle insouciance les gouvernements disposent de la vie de leurs administrés. Disons que le caractère « sacré » de ceux qui vivent pour ou par l’oppression nous échappe.

La famille devrait être la simple réunion de deux êtres attirés l’un par l’autre et désirant vivre ensemble.

Au couple de décider s’il doit se donner une descendance : quoi de pire pour un homme et une femme que de s’entendre reprocher par son enfant de l’avoir engendré ? Procréer est une source de devoirs, non de droits. Comment croire que les parents pensent à leurs futurs enfants, au sort de ceux-ci lorsqu’ils les conçoivent ? Une vie assujettie pour un moment de plaisir ?

La société a fait de la famille sa cellule de base, cellule étant pris dans son sens pénitentiaire. Attaché aux siens, prisonniers de l’affection qu’il porte, l’individu, pour leur permettre de subsister et pour n’être pas séparé d’eux doit trop souvent se soumettre au chantage de la collectivité.

Si nous faisons les plus expresses réserves sur toutes les données de la morale officielle qui règle les rapports entre individus – elles ont essentiellement pour objet le maintien des privilèges et des préjugés sociaux – nous refusons celles de la morale dite civique, codifiant les devoirs envers les états et leurs représentants au nom de qui l’oppression se fait.

On opposera peut-être à notre conception de l’existence que sa finalité est le suicide : à quoi bon vivre dans un monde qui ressemble de plus en plus à une prison, s’il est impossible de rompre l’encerclement.

Nous ne le pensons pas. Le suicide ne peut apparaître comme une nécessité que le jour où s’impose une certitude d’impossibilité de vivre telle que l’incertain semble alors préférable.

Le suicide pour cause pathologique ne demande aucun commentaire, celui par refus d’une existence devenue sans intérêt non plus. Mais de nombreux suicides sont d’un autre ordre : provoqués par l’oppression – suicides gratuits. La victime se supprime et l’oppresseur triomphe.

Pure stupidité. Le rat forcé dans son trou mord avant d’être tué. Il faut faire de même. Ainsi, entre la menace et la morsure se rétablit l’équilibre. Beaucoup, qui aiment opprimer, préfère vivre. Tel, par exemple, qui expulse un malheureux de son logis, y renoncerait s’il était averti qu’avant de se suicider sa victime l’abattrait.

Que l’opprimé se défende donc et s’il doit succomber que nul ne triomphe sur sa tombe.

Gustave Arthur Dassonville – L'Homme comme unité : Chapitre quatrième – Le Brûlot n°100

Mis en ligne par Mirobir, le Jeudi 14 Juillet 2005, 01:13 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/8185.shtml
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: L’Homme comme unité   L’Homme comme unité EmptyLun 18 Juil à 0:49

Citation :

L’Homme comme unité : chapitre V

Le repli sur soi est la sagesse, puisqu’il marque la volonté de refuser ce à quoi on ne peut rien changer.

Savoir considérer la réalité plutôt que de croire à l’impossible. Surmonter les craintes y compris celle de la mort – inéluctable. Ne pas avoir recours à l’espoir. Etre équitable. Jusqu’à plus ample information, traiter les autres avec une neutralité méfiante. Echapper à l’hypnose collective. Juger par apport à soi et non d’après les critériums d’autrui. Ne pas s’en remettre de son sort à un autre, preuve de dégénérescence, de paresse et de lâcheté.

Jamais la terre n’a porté autant d’humains et jamais l’homme conscient ne s’est senti aussi seul devant un monde sordide, hostile, jungle où certains ont su imposer les plus impitoyables contraintes, ordre ou raison d’état.

L’individu est acculé. Les lois sont contre lui dès qu’il veut vivre librement. Il ne peut guère leur opposer que l’auto-défense, position négative de protection.

Là n’est pas le bonheur.

Le bonheur ne consisterait-il pas dans la judicieuse gestion par l’individu de son patrimoine physique et moral ? Nul n’est mieux que lui capable de le mettre en valeur et d’en jouir. Affaire purement personnelle où la société ne peut que donner des avis intéressés et n’a rien d’autre à proposer qu’une participation onéreuse, sa sollicitude relevant de celle de l’éleveur pour son bétail.

Si l’homme est limité, ses ressources sont immenses. Sa dignité est de vivre librement, son honneur de respecter les autres s’ils le méritent, sa grandeur de s’accomplir.

Les prêcheurs officiels nous taxent d’égoïsme. Chacun sait qu’ils sont maîtres dans l’art de vivre douillettement et que s’ils stigmatisent volontiers ce qu’ils nomment les errements des autres c’est afin de détourner l’attention d’eux-mêmes.

D’aucuns nous qualifierons de tricheur, nous faisant grief de ne pas respecter leur règle du jeu. Vivre n’est pas jouer. Nous ne pouvons reconnaître des règlements nocifs établis en dehors de nous.

On nous reprochera, et c’est un des arguments faciles des tenants de l’autorité, de détruire, de ne pas avancer de solutions constructives, voire, aussi, de diviser – soit, sur ce dernier point, mais si nous divisons ce n’est pas afin de régner mais pour tenter de désagréger les règnes.

Certes, on ne construit pas sur des ruines, mais le moment, pour l’individu, n’est même pas à la destruction. Rien ne permet de supposer que le monde, quittant l’âge du chef, va accéder prochainement à la justice sociale, celle-ci comportant le respect de la liberté individuelle.

L’urgent, c’est la sauvegarde de chacun contre l’autorité envahissante.

Il existe bien, à l’O.N.U. une commission des droits de l’homme. Cette organisme, émanation des états et composé de politiciens professionnels ne prononce que des jugements de pure forme et ne peut être considéré comme une sûreté.

L’auto-défense étant très souvent difficile sans péril, il va falloir en arriver, vite, à l’ultime recours, les groupements de défense mutuelle.

Nous ne concevons pas ces groupes sous les formes connues du clan, de la horde, de la tribu ou de la bande mais comme des associations libres de gens qui se connaissent et sont prêts à défendre, par les moyens appropriés, le membre victime de l’oppression. (*)

Les groupements de défense mutuelle imposeraient à leur membres beaucoup de rigueur. Ils prohiberaient les règlements de comptes gratuits, la recherche d’un profit et n’agiraient qu’en fonction d’un seul impératif, la protection équitable de l’associé opprimé.

(*) Cette façon d’agir a fait ses preuves durant l’occupation de la France, de 1940 à 1944. Les mouvements de résistance étaient structurés en petits groupes. Nombre de gens se seraient volontiers mis à la botte des allemands notamment pour toucher le prix du sang. Ils ont reculé devant le risque d’avoir à rendre des comptes aux amis de leurs futures victimes.

Gustave Arthur Dassonville – L'Homme comme unité : Chapitre cinquième – Le Brûlot n°100

Mis en ligne par Mirobir, le Vendredi 15 Juillet 2005, 01:10 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/8192.shtml
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