Discutaction
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 Celui qui lave plus blanc que blanc

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wapasha
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wapasha


Nombre de messages : 4560
Localisation : Pays des Abers
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Celui qui lave plus blanc que blanc   Celui qui lave plus blanc que blanc EmptyMer 22 Juin à 15:23

altermonde.levillage-mercredi 22 juin 2005, Matthieu Brabant
Celui qui lave plus blanc que blanc

J’ai longtemps hésité avant d’écrire un article sur ce sujet : je suis prof à La Courneuve et j’ai grandit à La Courneuve. Sujet ultra sensible, non pas parce qu’il touche quelque chose dont il ne faut pas parler, mais parce que cela me touche. L’annonce de la mort de l’enfant (je ne vois pas pourquoi je participerai à la pression ignoble qui s’acharne sur la famille de l’enfant assassiné, en donnant son nom et son prénom) m’a choqué. Mais c’est surtout le show policier du ministre de l’intérieur et du RAID qui m’a traumatisé : et physiquement, vous m’excuserez donc pour cet article à fleur de peau.

Citation :
Un ministre à La Courneuve

Passons sur les conditions de la mort de l’enfant : la police fait son enquête, et je ne doute pas que la pression médiatique fera que le ou les auteurs seront rapidement trouvés. Il est même probable que l’ambiance irrespirable dans les cités de La Courneuve fasse qu’ils se rendent, spontanément ou contraints.
Les rumeurs font état de problèmes non liés à la drogue : on est là dans le concret, dans la réalité.

Arrivons au passage rue Honoré de Balzac du ministre de l’intérieur, Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy.
Son arrivée a été diversement accueillie : Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy a incontestablement une côte de popularité élevée dans les milieux populaires qui apprécient ses méthodes de « cow-boy ». Néanmoins, et vous excuserez ma sociologie de bazar, la visite de Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy n’a pas été appréciée par les « anciens », surtout les femmes et par les enseignants, élus locaux, animateurs de quartiers...
La raison est simple : depuis des années, ce que Bourdieu appelait la main gauche de l’Etat fait un travail formidable dans les 4000. Se trouvent à proximité de la rue Honoré de Balzac la sécurité sociale, l’ophlm, le centre de santé, une crèche, des écoles...mais l’annexe au commissariat est fermée depuis longtemps. Le recul, ce sont les « anciens » qui l’ont, les plus jeunes sont dans le concret confrontés au chômage. Autre problème : le commissariat doit gérer 3 villes (La Courneuve, mais aussi Dugny, ville record pour le taux d’HLM par habitant, et Le Bourget). Résultat : un manque d’effectif rendant impossible la police de proximité. Le commissariat vient de voir octroyer récemment de nouveaux véhicules : il manque des policiers pour les conduire.
Le jour de la mort de l’enfant, certains policiers étaient mobilisés pour ... le salon du Bourget !!! C’est le même problème lorsque des événements ont lieu au Stade de France.

Revenons à Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy. Arrivé devant la mère de l’enfant, il lui demande : « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? ». Non mais, sérieusement, comment ose-t-il poser une question pareille ? Devant une famille qui, visiblement, se pose des questions sur l’état mental du ministre de l’intérieur, il tente d’amadouer la petite sœur : « Tu sais que j’ai un fils de 8 ans ? ». Là, c’est trop, la colère me submerge, j’ai envie de pleurer.
J’ai pas mieux à dire que ce que dit Thomas Pitiot (un p’tit gars du 93, qui a grandit à Dugny) concernant la prostitution :
« C’est pas la fille du ministre de l’intérieur qu’ira vendre son boul’ sur les extérieurs
Boul’vard du crime, de la coco, et des pleurs, de la misère sexuelle et du sordide labeur
C’est pas la fille du ministre de l’intérieur qui s’ra raccompagnée dans un avion sans ailes par le cynisme de sinistres éboueurs ».

Devant le manque d’intérêt d’une famille prostrée dans la douleur, Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy fait des propositions :

« Les coupables seront retrouvés et punis »
Ben oui, c’est le boulot des flics, non ?

« Dès demain, on va nettoyer au Karcher la cité des 4000. On y mettra les effectifs nécessaires et le temps qu’il faudra, mais ça sera nettoyé. Dans un second temps seulement, on parlera de prévention. La police de proximité sera renforcée, avec 20 ou 30 policiers »
Je croyais qu’on avait touché le fond, ben non, là on est dans la cave. Et comment flinguer des années de boulot de la main gauche de l’Etat, j’avais envie de pleurer, là je pleure. C’est pas possible de dire des trucs somme ça. Il lui restait plus qu’à donner l’heure de l’intervention et le délire serait complet. Vous visez qui, Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy ? Vous allez arrêter des consommateurs de hash, des immigrés clandestins... mais les assassins seront déjà bien loin...
A La Courneuve, à Balzac en particulier, depuis l’implosion de Renoir (vous noterez l’irréalisme des noms de rue et d’immeuble j’ai bien écrit « l’implosion de Renoir » !), la vie est sale. J’ai pas d’autres mots, ça pue (et là, il fait chaud), les ascenseurs ne marchent pas et de toute façon ils sentent l’urine et sont trop dangereux, les gens sont pauvres et maintenant ils sont stigmatisés ! Si vous voulez nettoyer, Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy, il faut le faire au sens propre et aider à trouver du boulot au gens.
Et puis la police !? Parlons-en. Elle vient à Balzac, ce sont les dealer qui les appellent : les scènes de ménage les dérangent !!!!!!
Monsieur Nicolas Sarkosy de Nagy promet de nouveaux effectifs : il y deux ans déjà, mêmes promesses (un enfant de 13 ans avait tiré sur un autre enfant) et......rien !!!!!!! Les effectifs ont baissés !!!!!!!!!!!!!

« J’imagine que vous n’avez plus envie de vivre-là. On va vous reloger ailleurs, vous serez mieux »
Et les 1200 autres personnes de la barre ?

Un show policier

Passons maintenant au show policier de mardi. Comme prévu tout le monde était au courant. Tout le monde était tranquille, il faisait chaud, et : les journalistes sont arrivés en premier...
Et puis les sirènes, dans tous les sens, venant d’un peu partout. Des CRS, le RAID... la totale. Si vous avez regardé la TV, vous avez pu tout voir : les journalistes étaient dans les pas des flics !!!
Tout ça pour quoi ? Une arrestation, et encore un gars recherché pour une autre histoire.
Juste de la provocation, une bonne pub pour une ville pauvre et fuie. Non seulement tout le travail de la main gauche de l’Etat est détruit, mais il va être difficile de repartir sur des bases saines et apaisées après ça.
Et quand même : une heure après, c’est rien une heure, c’est à peine le temps de se remettre, et pas entièrement, une marche se déroulait pour rendre hommage au gamin. Vous vous rendez compte : juste une heure après. Tout était encore ravagé par les perquisitions ! Des enfants des écoles de La Courneuve étaient là : quelle image ont-ils maintenant de la police ? Jamais là, mais quand elle décide de venir c’est pour le spectacle et cassant tout !

L’espoir quand même

Au moment où l’enfant mourrait, un reportage de France 2 montrait la vie associative à La Courneuve : il s’agissait de fêter le nouveau titre de champion de France des Flashs de La Courneuve (foot américain).
Pendant la captivité de Florence Aubenas, des reportage ont montré la journaliste lors d’une réunion avec des associations des 4000 : ces associations qui se sont mobilisées pour la libération de la journaliste.
La Courneuve vit, mais La Courneuve est meurtrie. Si j’ai choisi de rester à La Courneuve, c’est parce que j’y crois. Mais toute cette histoire m’a fait à moi, et à tous ceux qui travaillent pour La Courneuve, un coup qui restera.
Nous avons besoin de la solidarité de la France, de l’Etat, des citoyens : je suis un représentant de l’Etat moi aussi, je leur dit quoi à me élèves lorsqu’ils me demanderont à quoi rime ce spectacle ? C’est ça l’Etat ? Le titre de cet article n’est pas innocent : ce sont bien les populations pauvres et immigrées que vise le ministre...

En espérant que vous ne m’en voudrez pas pour ce texte un peu confus mais écrit dans l’urgence de la douleur.

Citation :
Matthieu, non seulement, pour ma part, je ne t’en veux pas d’avoir écrit cet article sous cette forme, avec cette force, mais, tout au contraire, je te remercie de ce témoignage important, toi qui est un acteur de la Courneuve.

Trop de nos concitoyens se laissent éblouir par le sinistre cinéma, tant au niveau du langage que des idées, du ministre de l’Intérieur. Ton témoignage peut ouvrir les yeux de ceux qui liront ton texte s’ils croient encore dans les méthodes inacceptables du ministre catastrophe.

"Nettoyer" voilà un terme qui devrait résonner dans la tête de tous les anciens, de tous ceux qui ont souffert, avant et pendant la guerre, des "nettoyages" imposés par les fascistes de tous les bords. Les ligues fascistes en France, dans les années trente, adoraient ce mot...
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3055

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