Le premier train de fret privé sur les rails français

bellaciao-lundi 13 juin 2005
Le premier train de fret privé sur les rails français

Un train de marchandises privé, exploité par une filiale de la Connex (Veolia Environnement), va circuler pour la première fois lundi 13 juin 2005 sur le réseau ferré français, marquant l’arrivée controversée de la concurrence à la SNCF dans le fret international.

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Ce premier convoi sera composé de 20 wagons de chaux issue des carrières de Dugny et de Sorcy (Meuse) de la société Lhoist et destinée aux pôles sidérurgiques allemands de Völklingen et Dillingen (Sarre). Prévu en mai, il avait été reporté en raison du référendum.

Car le départ de ce train de la CFTA Cargo risque d’être mouvementé, les syndicats de cheminots ayant prévu des manifestations dans la Meuse et à Paris pour protester contre cette première étape de la libéralisation ferroviaire. Ils craignent une fragilisation accrue du fret SNCF, qui va subir les trois quarts des 3.007 suppressions d’emplois prévues à la SNCF en 2005.

La CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, dénonce "une véritable provocation" dans un tract qui sera distribué aux usagers lundi. D’autant que "ce premier train de la concurrence empruntera entre Verdun et Conflans une portion de ligne... non ouverte à la concurrence", selon la CFTC-Cheminots.

Le directeur général de Connex Stéphane Richard s’est voulu rassurant vendredi. Non seulement il n’y a "pas de dumping sur les salaires" d’embauche, mais les agents sont "tout à fait expérimentés" et "ont suivi les mêmes modules de formation que les conducteurs de la SNCF", a-t-il assuré.

Au-delà de ce premier marché d’environ 10 millions d’euros en cinq ans, Connex, déjà actif dans le transport urbain de voyageurs en France, vise 5 à 10% du fret ferroviaire national. D’autres sociétés de transport, comme la filiale d’Eurotunnel Europorte 2, songent à se lancer dans la bataille.

La France a officiellement ouvert depuis le 15 mars 2003 ses lignes internationales de fret à la concurrence, en application d’une directive européenne, mais aucun concurrent à la SNCF ne s’était présenté jusqu’alors. Les candidats doivent obtenir une licence d’entreprise ferroviaire, s’ils ne sont pas encore opérateurs, et un certificat de sécurité auprès du ministère des transports. Ils doivent aussi demander à Réseau ferré de France (RFF), gestionnaire des infrastructures, des "sillons" de circulation.

L’arrivée d’un concurrent sur les lignes exploitées jusqu’alors par la SNCF sera une première en France. Dans d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne, les opérateurs historiques ont déjà perdu leur monopole. L’enjeu est de taille pour la SNCF car les lignes internationales de fret ouvertes à la concurrence représentent plus de la moitié de son trafic de fret, très déficitaire. Elle a lancé un plan en trois ans pour ramener cette activité à l’équilibre en 2006.

La SNCF avait répondu à l’appel d’offre de la société Lhoist. Mais ses tarifs étaient "20% plus élevés que ceux de son concurrent", selon Alain Declercq, directeur régional de la SNCF Metz-Nancy. "Pour rester concurrentielle, la SNCF prévoit d’accroître sa fiabilité et de réduire ses coûts de production de 20%", a-t-il rappelé.

L’ouverture à la concurrence s’étendra aux lignes intérieures de fret au 1er janvier 2006, la France ayant accepté de l’avancer d’un an en contrepartie du feu vert de la Commission européenne au plan de redressement de la branche fret de la SNCF.

A terme, elle touchera aussi le transport de passagers en France comme dans les autres pays de l’Union européenne. PARIS (AFP)

source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=16165

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reuters- Mon June 13, 2005 6:02 PM CEST
Des cheminots bloquent le premier train de fret privé

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DUGNY-SUR-MEUSE (Meuse) (Reuters) - Plusieurs centaines de cheminots ont bloqué pendant près de quatre heures, à Dugny-sur-Meuse (Meuse), le premier train de fret privé autorisé à circuler sur le réseau ferré français.

Les cheminots protestent contre l'ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, dont ils craignent qu'elle ne soit synonyme de dumping social et d'une moindre sécurité.

Les manifestants, à l'appel des syndicats CGT, FGAAC, Sud-Rail et CFTC, ont bloqué le convoi vers 13h00. La CFDT ne s'est pas associée à la manifestation.

Vers 16h45, les forces de l'ordre sont intervenues en tirant des grenades lacrymogènes et ont dégagé les voies après de brèves échauffourées avec les manifestants, ont rapporté des témoins.

Le train est passé peu avant 17h30 au passage à niveau évacué par les manifestants, pendant qu'un hélicoptère de la gendarmerie le survolait pour surveiller la voie. Le convoi, qui roulait au pas, précédé par des gendarmes mobiles sur la voie, a été salué par les huées des manifestants.

Le train de la société Connex, la division transport de Veolia Environnement, doit conduire 28 wagons de chaux jusqu'aux aciéries allemandes de Dillingen et Völklingen, en Sarre.

"On est déterminé à se faire entendre aujourd'hui, même si l'ouverture à la concurrence est un fait", avait auparavant déclaré à Reuters Bernard Aubin, secrétaire fédéral de la CFTC-Cheminots, qui s'est rendu à Dugny-sur-Meuse.

"Ce train sera placé sous surveillance permanente, notamment en matière de sécurité. On ne manquera pas de le faire arrêter s'il y avait le moindre incident de circulation", avait-il ajouté.

La mise en circulation de ce train fait peser une menace sur l'emploi des cheminots français, estiment les syndicats qui dénoncent une conséquence de l'ouverture, depuis le 15 mars 2003, des lignes du Réseau transeuropéen de fret ferroviaire

(RTEFF).

En fin de matinée, entre 200 et 250 cheminots s'étaient rassemblés à Paris, dans le VIIe arrondissement, non loin de la préfecture de région Ile-de-France, à l'appel de la CGT, la CFTC, l'Unsa et la CFE-CGC pour protester contre "la libéralisation et le dumping social" à la SNCF.

Le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Didier Le Reste, a comparé le fret privé à un "prédateur".

"Nous n'avons pas dit notre dernier mot", a-t-il lancé.

CONNEX TENTE DE RASSURER

La manifestation parisienne était soutenue par des agents de la RATP, à quatre jours du conseil d'administration du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), où sera examiné l'épineux dossier du "service garanti" dans les transports franciliens.

D'autres rassemblements de cheminots ont été organisés en province.

La direction de la SNCF s'est refusée à tout commentaire.

La société Connex a pour sa part assuré qu'il n'y aurait pas de "bataille du rail" dans l'Hexagone.

"Il n'y aura pas de bataille du rail. On espère que les manifestants vont respecter l'outil de travail de la SNCF pour ne pas entraver cette ligne de fret", a-t-on déclaré.

La Connex, division transport de Veolia Environnement, exploite des réseaux de transport public de voyageurs en gestion déléguée et en partenariat avec les collectivités locales. Elle développe aussi des services pour les industriels, notamment dans le fret ferroviaire.

Elle exerce une activité de fret en Allemagne, aux Pays-Bas et en France, en tant que sous-traitant de la SNCF, avec ses filiales CFTA Cargo en France et Connex Cargo Logistics en Allemagne.

Dans un dossier de presse, Connex fait observer qu'elle a remporté en France, via sa filiale CFTA Cargo, un appel d'offres pour un contrat d'une valeur cumulée d'environ 10 millions d'euros sur une durée de 5 ans. Le transport porte sur 200.000 tonnes de chaux par an entre les sites industriels de Dugny et de Sorcy dans la Meuse et Land allemand de Sarre.

Connex précise avoir obtenu sa licence ferroviaire en juin 2004 et son certificat de sécurité en décembre 2004.

Le président du groupe communiste et républicain de l'Assemblée, Alain Bocquet, a pour sa part accusé le gouvernement et "l'Europe libérale" de livrer le rail "aux mercenaires privés".

"Au nom d'un aveuglement idéologique sur la supériorité prétendue de la concurrence, le gouvernement met en oeuvre une directive bruxelloise qui permet à des sociétés anonymes d'exploiter à peu de frais des infrastructures financées de longue date par la collectivité des usagers", affirme-t-il.

source : http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=8775051

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